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En Martinique, le CNRS mène un vaste programme de recherche pour la conservation des tortues marines

Propos recueillis par ACWAA - Publié le 28 août 2023
Photo identification d’une tortue verte (*Chelonia mydas*) © Nathalie Aubert

Photo identification d’une tortue verte (Chelonia mydas) © Nathalie Aubert

Dr Damien Chevallier (CNRS) Directeur du programme de recherche sur les tortues marines en Martinique, Sidney Régis, responsable coordination et sécurité de l’équipe apnéiste du programme

Dr Damien Chevallier (CNRS) directeur du programme de recherche sur les tortues marines en Martinique & Sidney Régis, responsable coordination et sécurité de l’équipe apnéiste du programme

Depuis 2013, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) mène en Martinique un vaste programme de recherche pour la conservation des tortues marines. Il a pour objectif d'étudier les réponses comportementales et physiologiques des tortues marines au stress environnemental. Ce programme rassemble une multitude d’acteurs qui œuvrent de concert sur le terrain. Le Dr. Damien Chevallier, directeur de ce programme de recherche, nous en explique les enjeux. Il est accompagné de Sidney Régis, l’un des piliers de l'équipe d'apnéistes qui nous livre son témoignage sur les raisons de son engagement et son rôle au sein de l'équipe.

Espèces menacées et protégées, emblématiques des eaux antillaises, les tortues marines des Antilles françaises font l’objet d’une attention particulière de la part des acteurs de la conservation, qui inscrivent leurs actions au travers d’un document stratégique. Ce plan national d'actions (PNA) en faveur des tortues marines aux Antilles françaises vise l’amélioration de l'état de conservation des espèces qui fréquentent les plages et les eaux de la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin. S’appliquant entre 2020 et 2029, le PNA, piloté par les Directions de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DEAL) et animé par l'Office national des forêts (ONF), se décline en 36 actions rattachées à la connaissance, la sensibilisation et la conservation.

Q: Damien Chevallier, pourriez-vous nous expliquer rapidement pour quelles raisons un tel programme a débuté et pourquoi avoir choisi la Martinique comme lieu de recherche ?

Sur les sept espèces de tortues marines, six sont menacées. Les menaces qui pèsent sur ces espèces sont nombreuses (captures accidentelles, braconnage, maladies, pollution, destruction des habitats d'alimentation et de ponte, etc.) et agissent différemment selon le stade de vie de l'espèce. Si nous voulons assurer la conservation d'une espèce, il est primordial de connaître son écologie fine, mais également les facteurs environnementaux qui agissent sur son comportement et sa physiologie.

Q: Pourquoi en Martinique et pas ailleurs dans le monde ?

Trois espèces s'alimentent et se reproduisent en Martinique, à savoir la tortue verte, la tortue imbriquée et la tortue luth. Cette île est notamment un hot-spot pour les tortues vertes et imbriquées juvéniles, qui s'y alimentent durant leur phase de croissance, mais également un lieu de ponte pour la tortue imbriquée et la tortue luth. De nombreuses menaces pèsent sur ces trois espèces, selon leur âge, tout au long de leur cycle de vie. Ainsi, la Martinique est un site exceptionnel qui nous permet d'étudier les réponses comportementales et physiologiques aux facteurs environnementaux (d'origine naturelle ou anthropique) de ces trois espèces, utilisant des niches écologiques (espace physique occupé par une espèce et rôle joué par cette espèce au sein de l’écosystème) différentes. De plus, les travaux que nous menons permettent d'étudier les origines génétiques de ces espèces, et par conséquent, permettent de savoir d'où viennent ces individus. Ainsi, en étudiant, sur cette île, différentes espèces menacées, nous serons en mesure d'identifier plus rapidement les facteurs qui agissent sur l'évolution de ces populations et ainsi nous pourrons trouver des mesures de protection plus efficaces, car plus ciblées, et ce, à une échelle plus globale.

Q: Sur combien de temps le programme s'étend-il ?

L'identification des facteurs environnementaux et leur impact sur la dynamique des populations de tortues marines nécessite un suivi sur du long-terme, si nous voulons trouver des mesures de protection adaptées et durables. Ainsi, ce programme de recherche doit s'étendre sur 20 ans.

Sidney Régis à l’entraînement © Fabien Lefebvre

Sidney Régis à l’entraînement © Fabien Lefebvre

Q: Sidney Régis, vous qui êtes apnéiste de niveau mondial (4ème toutes disciplines confondues au championnat du monde AIDA en 2022), le milieu aquatique tient une grande place dans votre vie. Vous consacrez la plupart de votre temps libre aux activités sous-marines, en Martinique, où vous avez grandi. Est-ce cette passion qui vous a incité à vous impliquer dans la conservation des tortues marines ?

Enfant, j’étais très complexé et je souffrais d’asthme chronique. C’est en découvrant le monde sous-marin que ma vie a changé. Dans l’eau, je me sentais bien, libre et mes difficultés à respirer disparaissaient. Petit à petit, un lien très fort a émergé entre la mer et moi. J’ai eu beaucoup de chance de grandir à Sainte-Anne à moins de 100m de la plage de Caritan. Mon oncle m’a très vite emmené faire de la chasse sous-marine. On ne parlait pas de pêche éthique à l’époque, pourtant, c’est avec les pêcheurs que j’ai appris la mer : lire la mer, la météo, les courants, les périodes de pêche, les comportements de telle ou telle espèce. J’ai donc été témoin de l’évolution du monde sous-marin en Martinique, avec les histoires de pêches miraculeuses des anciens pêcheurs et le constat que nous faisions déjà il y a 35 ans que les choses étaient en train de changer. J’ai connu l’époque où on chassait et mangeait les tortues en Martinique et ça me rendait très triste.

Sidney Régis à l’entraînement d’apnée profonde © Fabien Lefebvre

Sidney Régis à l’entraînement d’apnée profonde © Fabien Lefebvre

La plongée en apnée est au cœur de ma vie. Mettre mes compétences d’apnéiste et d’amoureux de la nature au service de la préservation des espèces menacées est très important pour moi. L’apnée de compétition demande beaucoup de sacrifices et d'entraînements. Je voyage beaucoup, c’est aussi une façon de rendre à la nature un tout petit peu de ce que je lui prends à travers mes voyages. Mais surtout, il me paraît essentiel de contribuer à la préservation de la nature martiniquaise, si fragile et si exceptionnelle.

Relevés biométriques - Mesure de la carapace (Damien Chevalier, Pierre Lelong, Mosiah Arthus, Nathalie Aubert, Mario) ©  Fabien Lefebvre

Relevés biométriques - Mesure de la carapace (Damien Chevalier, Pierre Lelong, Mosiah Arthus, Nathalie Aubert, Mario) © Fabien Lefebvre

Q: Damien, le protocole CMR (Capture-Marquage-Recapture) fait partie des méthodes utilisées pour mieux comprendre l'écologie des tortues marines. En quelques mots, pourriez-vous nous décrire le déroulement de ce protocole et son objectif ?

Le suivi des populations de tortues marines (croissance, génétique, bioaccumulation des polluants, état de santé, sex-ratio, préférences alimentaires, dynamique des populations, densités, etc.) sur du long-terme nécessite l'identification des individus. Pour ce faire, on utilise la méthode Capture-Marquage-Recapture (CMR) qui consiste à injecter un transpondeur en sous-cutanée au niveau du membre antérieur (triceps droit) de la tortue. Ce transpondeur peut ainsi être lu à la prochaine recapture de la tortue, via un lecteur (scanner) portatif.

Lecteur de transpondeur (Passive Integrated Transponder, PIT) © Nathalie Aubert

Lecteur de transpondeur (Passive Integrated Transponder, PIT) © Nathalie Aubert

Q: De l'extérieur, cela paraît impressionnant. N'est-ce pas trop invasif pour les animaux ? Quel est le degré d’impact sur les tortues ?

Cette méthode nécessite, pour ce qui concerne les tortues juvéniles, la capture en mer des individus et différentes manipulations, sur le bateau, qui durent entre 5 et 10 mn maximum. Les données récoltées sur chaque individu permettent d'obtenir de très nombreux résultats indispensables pour identifier les facteurs environnementaux qui agissent sur ces espèces. La CMR a lieu une fois par an (sur 5 à 6 jours), et chaque individu est donc capturé une fois dans l'année. Le dérangement est minime sur l'année pour chaque individu, comparé à ce qui est pratiqué régulièrement sur l'île par certains acteurs lors des suivis par photo-identification. En effet, en Martinique, du fait des caractéristiques des habitats marins, la façon dont est pratiquée la photo-identification entraîne un dérangement répété et soutenu (poursuite) des individus pour un résultat médiocre, qui ne permet en aucun cas de répondre à différentes problématiques de conservation de ces espèces. Dans ce contexte, la CMR pratiquée dans ce programme de recherche reste la méthode la plus adaptée pour répondre aux enjeux de conservation des tortues marines.

Photo-identification d’une tortue verte (*Chelonia mydas*) © Fabien Lefebvre

Photo-identification d’une tortue verte (Chelonia mydas) © Fabien Lefebvre

Q: Un micro transpondeur de la taille d’un grain de riz est donc implanté pour marquer l’identité de chaque individu. Vous êtes le premier à avoir banni les bagues de marquage. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?

La pose des bagues métalliques sur les tortues marines a permis le suivi des populations de femelles gravides (portant des œufs) dans de nombreux sites de ponte du monde. Les bagues ont également été utilisées, plus récemment pour le suivi des tortues capturées en mer. Si, à première vue, cette méthode pourrait s'avérer utile pour le suivi des espèces de tortues marines, plusieurs points négatifs ont été notés dès les premiers suivis réalisés en Guyane en 2010 et en Martinique en 2012. En effet, j'ai pu constater en Guyane que les tortues luths, baguées plusieurs années auparavant, avaient quasiment toutes perdu leur bague, ce qui a été par la suite démontré dans plusieurs articles scientifiques. Ainsi, un premier biais apparaissait à mes yeux quant au suivi des populations, via cette méthode.

L'autre point important, concerne la douleur infligée aux tortues, tant lors de la pose des bagues que sur le long terme. En effet, j'ai pu constater la réaction extrêmement violente des tortues vertes juvéniles, au moment de la pose de la bague. Ces bagues, une fois posées sur les juvéniles (sur les nageoires antérieures), ne suivent pas la croissance de ces individus, ce qui a pour conséquence la pénétration de la bague dans la chair, ce qui j'imagine, entraîne des douleurs permanentes pour la tortue. De plus, j'ai pu constater que ces bagues sont un vecteur d'entrer pour certains virus tels que la Fibropapillomatose.

Au vu de tous ces arguments, je ne vois donc pas l'intérêt de poser une bague qui sera perdue, au bout de quelques mois ou l'année suivante, ou qui ne sera pas lisible lors de la prochaine recapture. Dans ce contexte, j'ai demandé l'arrêt de la pose des bagues en Martinique, puis en Guadeloupe, ainsi que sur tout le territoire français (hexagone comme les DROM-COM) lors d'une de mes présentations au colloque GTMF 2018 qui s'intitulait "Et si on arrêtait le baguage des tortues marines". J'ai montré également, lors de cette présentation, les résultats pouvant être obtenus à partir de différentes méthodes moins invasives (transpondeur, génétique, suivi satellitaire, etc.) pour notamment étudier les voies de migration et ce, en utilisant 1 000 fois moins d'individus. Par exemple, sur plusieurs dizaines de milliers de tortues vertes baguées au Suriname, un seul individu a été recapturé dans les eaux brésiliennes. Pourtant, avec 26 tortues vertes que j'ai équipé de balises Argos au Suriname et en Guyane, j'ai pu montrer, d'une part, les comportements de plongée et les trajectoires de migration de la Guyane et du Suriname vers le Brésil, et d'autre part, les zones d'alimentation finales.

Tortue verte capturée par Sidney (*Chelonia mydas*) © Fabien Lefebvre

Tortue verte capturée par Sidney (Chelonia mydas) © Fabien Lefebvre

Q: Bien que “la capture” des tortues soit essentielle pour l'acquisition des données, cette procédure n’en reste pas moins exceptionnelle et ne peut s’improviser. Elle s’effectue sous couvert d’une dérogation préfectorale stricte, délivrée à Damien Chevallier, autorisant la manipulation des tortues marines en Martinique.
Sidney, depuis presque dix ans, vous êtes responsable de la coordination de l’équipe d’apnéistes formée spécialement pour ce programme. En quoi consiste votre rôle ? Pourquoi cette procédure s’effectue-t-elle uniquement en apnée ?

La nature est précieuse. Les tortues marines sont des joyaux qui ont survécu depuis l’époque des dinosaures et pouvoir les manipuler est un privilège qui implique une immense responsabilité. Le CNRS dispose d’autorisations spéciales délivrées par la préfecture dans le cadre spécifique de ses recherches. Sans celles-ci, toucher une espèce protégée comme une tortue marine est un délit.

Mon rôle est de veiller au bon déroulement des opérations aquatiques, en assurant la sécurité des apnéistes. Un briefing est réalisé systématiquement pour évoquer les règles de conduite pour que l’équipe évolue en toute sécurité, grâce au protocole mis en place avec les bateaux suiveurs, la sécurité en surface, le binôme de sécurité, etc. En 10 ans, nous n’avons eu aucun accident et j’en suis fier. Pour terminer, les qualités les plus importantes sont pour moi l'altruisme, le respect et la solidarité. L'équipe des apnéistes est au service de la science, par le biais du CNRS et au service des tortues marines qu’elle contribue à protéger par ses compétences.

Ce protocole CMR en apnée est très exigeant en moyens humains et a permis de faire émerger des résultats scientifiques exceptionnels. Au fil des années, nous avons réussi à développer une expertise unique au monde. Dans l'eau, nous avons une vision directe sur ce qui se passe et nous pouvons prendre le temps d’évaluer la situation en fonction de l’objectif de la mission (CMR, pose de biologgers, récupération d’individus blessés par des hameçons ou filets, etc.). Contrairement à la plongée en bouteille, le temps total d’immersion journalier en apnée n’est pas limité. Les tortues sont manipulées avec beaucoup de précautions et nous utilisons des gants qui sont désinfectés entre chaque capture.

Quelques minutes après avoir été relâchées, on recroise les mêmes tortues en train de brouter ou de nager tranquillement (nous les reconnaissons grâce à un marquage éphémère). Nous avons constaté qu’elles ne semblaient pas avoir de comportement “traumatique” suite à leur capture, ce qui confirme que l’impact est ponctuel et minime. Personnellement, c’est ce qui me tient le plus à cœur et c’est l’état d’esprit général qui règne au sein de cette équipe et du programme de recherche.

Prélèvement sanguin réalisé par Damien Chevallier et Pierre Lelong sur une tortue verte © Fabien Lefebvre

Prélèvement sanguin réalisé par Damien Chevallier et Pierre Lelong sur une tortue verte © Fabien Lefebvre

Q: Damien, certaines personnes s'interrogent sur l’utilité de la recherche scientifique. Appliquer des mesures de conservation en s'appuyant sur les données existantes leur semble la meilleure option afin de “laisser les animaux tranquilles et la nature faire son travail”.
Cependant, sans informations précises sur l'écologie des espèces, il semble difficile de savoir de quelle manière agir, sans agir au hasard, au risque d’être contre-productif.
Quel est votre point de vue sur le sujet ? Comment la science fait-elle pour apporter des réponses concrètes et efficaces en termes de conservation ?

Il est toujours plus facile de ne rien faire et de se dire que la nature fera son travail. Cette pensée pourrait s'appliquer dans un contexte où les tortues ne seraient pas exposées à de nombreuses menaces, comme c'est le cas en Martinique. Avec les travaux scientifiques que nous menons depuis plus de 10 ans sur cette île et les résultats qui en découlent (évolution des populations, densité des individus selon les sites, origines génétiques des populations, voies migratoires, habitats préférentiels, sélection alimentaire, dynamique des herbiers, apports nutritionnels des aliments consommés, identification des facteurs environnementaux impactant les populations, pollutions, virus), nous démontrons à quel point la connaissance est indispensable. Si l'on veut assurer une protection durable et efficace de ces espèces, sans avoir recours à de la "protection en cloche" qui s'est toujours révélée inefficace car inadaptée à la réalité du terrain, il est important de mener des travaux de recherche.

Recherche de la Fibropapillomatose sur tortue verte (*Chelonia mydas*) © Fabien Lefebvre

Recherche de la Fibropapillomatose sur tortue verte (Chelonia mydas) © Fabien Lefebvre

Q: Sidney, afin de respecter les tortues marines, quels comportements doivent être impérativement adoptés lors d’une observation ?

J’ai connu une époque en Martinique où les tortues étaient mangées en ragoût. C’était un moment de partage en famille, mais aujourd'hui les choses ont changé, le monde a changé. On a de plus en plus de preuves du rôle fondamental des tortues dans l’écosystème marin. Sans tortue, les herbiers seraient en moins bonne santé et les quantités de poissons, lambis, crustacés diminueraient encore plus. Que l’on soit marin-pêcheur, citoyen ou amoureux de la nature, la préservation des tortues marines est cruciale pour notre futur commun.

La première étape essentielle serait de s’informer auprès des institutions et/ou organisations sur la conduite à tenir lorsqu'on les aperçoit, que ce soit en mer ou sur terre lors des pontes, afin de leur assurer un cadre de vie pérenne dans la cohabitation avec l’être humain. Les interactions quotidiennes avec cet animal emblématique ont un impact énorme sur l’état de santé général de l’espèce. Depuis quelques années, des dispositions ont été mises en place afin de limiter les pressions humaines, mais elles ne seront efficaces que si chacun d’entre nous s’y engage. En mer par exemple, la photo ci-dessous reflète une scène courante de “harcèlement”, malheureusement bien trop fréquente et répétée jusqu'à des dizaines de fois par jour sur une même tortue.

Harcèlement d’une tortue verte (*Chelonia mydas*) © Fabien Lefebvre

Harcèlement d’une tortue verte (Chelonia mydas) © Fabien Lefebvre

Pour en savoir plus, voici les liens la page Facebook et les publications scientifiques de Damien Chevallier, ainsi que la page Facebook de Sidney Régis.
Pour en apprendre plus sur le PNA c'est ici.

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