Carte Guyane

Rivière Inini © Pascale Roche - Office français de la biodiversité

La Guyane,
un trésor vert

Guyane
Rivière Inini © Pascale Roche - Office français de la biodiversité

Une diversité biologique exceptionnelle

Située entre le Brésil et le Suriname, la Guyane est le plus vaste territoire d’outre-mer français, et le seul non insulaire. Il est en majorité recouvert de forêts tropicales humides, excepté sur la bande côtière où se trouve une mosaïque d’habitats plus ou moins ouverts : plages, mangroves, savanes, forêts marécageuses et marais. Il est difficile de résumer la diversité des espèces guyanaises tant elle est vaste, aussi bien chez la faune que la flore, et une grande partie est encore largement méconnue. Un hectare de forêt peut abriter plus de 300 espèces d’arbres, soit plus d’espèces qu’il n’y en a dans toute l’Europe continentale, et la diversité totale des insectes de Guyane est estimée à plus de 100 000 espèces. Bien que les milieux guyanais soient encore relativement préservés des activités humaines, certaines pressions, dont l’orpaillage, sont très préoccupantes.

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83 846
km2
Superficie terrestre
131 506
km2
Superficie marine
296 711
habitants en 2019

851

m
point culminant, Montagne Bellevue

Quelques repères en Guyane

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Carte Guyane

Lieux emblématiques

Vue aérienne sur le territoire du Parc national © Guillaume Feuillet, PAG

Vue aérienne sur le territoire du Parc national © Guillaume Feuillet, PAG

Le Parc Amazonien de Guyane

Créé en 2007, le Parc amazonien de Guyane s’étend sur 40 % du territoire (34 000 km2) dans la partie sud de la Guyane. Il représente le plus vaste parc national de France et de l’Union européenne. Il a pour vocation de préserver la biodiversité exceptionnelle du massif forestier ainsi que les patrimoines culturels et les modes de vie traditionnels des populations, notamment amérindiennes et bushinenguées, vivant sur le territoire.

Comptages d'oiseaux au Grand Connétable © Réserve naturelle du Grand Connétable

Comptages d'oiseaux au Grand Connétable © Réserve naturelle du Grand Connétable

Les îles du Grand et du Petit Connétable

A 15 km au large de l’estuaire de l’Approuague, les îles du Grand et du Petit Connétable sont le seul site de reproduction pour les oiseaux marins de la côte amazonienne. Le site accueille chaque année plusieurs dizaines de milliers d’individus qui viennent y nidifier : sternes (dont 1/3 des effectifs mondiaux de la Sterne de Cayenne), frégates superbes, mouettes atricilles et noddis bruns. Le site est classé Réserve naturelle nationale depuis 1992. Le périmètre de la réserve s’étend sur plus de 7 000 ha marins autour des îles, permettant la conservation d’espèces marines menacées comme le Mérou géant.

Dispositif d'étude de la canopée dans la réserve des Nouragues © Pierre-Olivier Jay - 97px

Dispositif d'étude de la canopée dans la réserve des Nouragues © Pierre-Olivier Jay - 97px

Les Nouragues

Créée en 1995, la Réserve naturelle nationale des Nouragues protège 105 800 hectares de forêt, un réseau hydrographique dense avec une grande diversité d’habitats (criques, rivières, sauts rocheux) et des inselbergs. Elle porte le nom des amérindiens qui vivaient dans cette zone jusqu’au 18e siècle. La réserve accueille une station de recherche scientifique gérée par le CNRS, qui permet l’étude des écosystèmes de forêts tropicales à long terme.

Plage d'Awala-Yalimapo © Raphaël Gailhac - OFB

Plage d'Awala-Yalimapo © Raphaël Gailhac - OFB

Les plages d'Awala-Yalimapo

Situées à l’extrémité nord-ouest la Guyane, le long du littoral à proximité de l’embouchure du fleuve Maroni, les plages d’Awala-Yalimapo sont l’un des sites les plus importants au monde pour la ponte des tortues marines, principalement pour les tortues luths, vertes et olivâtres. Ces plages sont protégées au sein de la Réserve naturelle nationale de l’Amana qui s’étend jusqu’à l’embouchure de la rivière Organabo et couvre 14 800 ha de plages, mangroves, marais et savanes.

Lac Pali, dans les marais de Kaw © Andréa Poiret

Lac Pali, dans les marais de Kaw © Andréa Poiret

Les marais de Kaw-Roura

Sur la côte sud-est de la Guyane, cette zone de marais et forêts marécageuses est accessible uniquement par voie fluviale. On y trouve des espèces remarquables comme le Caïman noir et le Lamantin, et une très grande diversité d’oiseaux, dont le Coq-de-roche et la Harpie féroce. Cette vaste zone humide est classée Réserve naturelle nationale depuis 1998.

Lieux d'intérêt
En Guyane
11

espèces sur les 100 considérées comme les plus envahissantes au monde sont présentes sur le territoire

En savoir plus
*Ramphastos tucanus* © Raphaël Gailhac - OFB

Ramphastos tucanus © Raphaël Gailhac - OFB

Les toucans

Sept espèces de toucan, oiseaux à grand bec de la famille des Ramphastidés, sont présentes en Guyane. Le Toucan ariel (Ramphastos vitellinus) et le Toucan à bec rouge (Ramphastos tucanus) sont communément observés, notamment en fin de saison des pluies, où ils viennent dans la partie côtière s’alimenter sur les palmiers en fruits. Le Toucan toco (Ramphastos toco) est le plus grand représentant de cette famille. Caractérisé par son bec orange, il est plus rare et observable uniquement au nord du département. C’est la seule espèce de toucan intégralement protégée.
Malgré sa taille, la structure du bec des toucans est très légère et solide, formée de kératine et renforcée par des os poreux très légers.

Statut sur la Liste rouge des oiseaux de Guyane : Toucan ariel : préoccupation mineure. Toucan à bec rouge : préoccupation mineure. Toucan toco : en danger.

*Panthera onca* © Raphaël Gailhac - OFB

Panthera onca © Raphaël Gailhac - OFB

Le Jaguar

Solitaire et discret, le Jaguar (Panthera onca) est présent sur tout le département. Le félin tacheté est menacé par la destruction et la fragmentation de son habitat, la raréfaction des proies et le braconnage, bien que les populations soient considérées plutôt en bon état sur le territoire guyanais. Il tient une place importante dans les cultures amérindiennes, bushinenguées et créole. Souvent lié au chamanisme, et il représente également un personnage un peu lourdaud et pataud dans les contes populaires guyanais. Les attaques de ce carnivore sur les animaux domestiques, en particulier les chiens, sont relativement fréquentes en milieu péri-urbain. Un guide pour une coexistence homme-jaguar est proposé par l’Office français de la biodiversité pour diminuer ces conflits.

Statut sur la Liste rouge des mammifères de Guyane : quasi-menacé.

*Pteronura brasiliensis* © Fabien Lefebvre

Pteronura brasiliensis © Fabien Lefebvre

Les loutres

Deux espèces de loutres, la Loutre géante (Pteronura brasiliensis) et la Loutre commune (Lontra longicaudis) vivent dans les cours d’eau et sur les berges de Guyane. La première, de grande taille (jusqu’au 1,80 m de long), vit en groupes familiaux tandis que la seconde, plus petite, est souvent solitaire. Consommatrices de poissons et très sensibles à la dégradation des habitats, les loutres peuvent être considérées comme des indicatrices de la qualité des écosystèmes aquatiques. La Loutre géante a fait l’objet d’une chasse intensive pour sa peau au siècle dernier, ce qui l’a conduite au bord de l’extinction au début des années 1970. Les deux espèces sont intégralement protégées mais leur habitat est fortement impacté par l’orpaillage.

Statut sur la Liste rouge des mammifères de Guyane : Loutre géante : en danger. Loutre commune : préoccupation mineure.

*Euterpe olaracea* © Cesar Delnatte - INPN

Euterpe olaracea © Cesar Delnatte - INPN

Le Palmier pinot

Également nommé wassaï (ou açaï), le Palmier pinot (Euterpe olaracea) produit des fruits de couleur violet très foncé utilisés pour de nombreux usages (jus, huile, poudre). Ils poussent en grappes le long du tronc qui peut s’élever jusqu’à 20 m de hauteur, et sont également consommés par la faune sauvage. Ces palmiers sont particulièrement présents en zones marécageuses où ils peuvent former de véritables « pinotières ». Utilisées depuis des siècles par les peuples d’Amazonie, les fruits du wassaï font désormais l’objet d’un intérêt mondial sur les marchés de l’alimentation, la cosmétique et la médecine.

Statut sur la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Titanus giganteus* © Julien Touroult - INPN

Titanus giganteus © Julien Touroult - INPN

Le Titan

Atteignant jusqu’à 17 cm de long, le Titan (Titanus giganteus) est le plus grand coléoptère du monde. On connait cependant peu de choses sur sa biologie : si les mâles sont attirés par la lumière, ce n’est pas le cas des femelles qui sont rarement observées. On suppose que les larves se développent dans le sol, au niveau des racines ou des souches, et consomment du bois décomposé.
Ce longicorne attire particulièrement les collectionneurs, c’est pourquoi depuis le 25 juillet 2019, il existe un quota limitant l’exportation à un spécimen par personne et par an. L’inventaire des insectes de Guyane est encore largement incomplet. Si la diversité des insectes est très importante, l’abondance de chaque espèce est généralement faible, ce qui rend leur recensement complexe.

Statut sur la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Dermochelys coriacea* © Raphaël Gailhac - OFB

Dermochelys coriacea © Raphaël Gailhac - OFB

La Tortue Luth

Les plages de Guyane comptent parmi les plus importants sites de ponte de tortues marines au monde. Elles accueillent principalement trois espèces : la Tortue verte (Chelonia mydas), la Tortue olivâtre ([Lepidochelys olivacea]) et la Tortue luth (Dermochelys coriacea). La Tortue luth est la plus grosse espèce de tortue marine au monde, avec un poids moyen de 450 kg pour une taille de près d’1,60 mètre et elle se nourrit essentiellement de méduses. Contrairement aux autres tortues marines, elle ne possède pas d’écailles mais une dossière en cuir très épais, qui lui permet de plonger plus profondément que les autres espèces. Grandes migratrices, les tortues luths remontent jusqu’au nord de l’Atlantique. De nombreuses menaces pèsent sur les tortues marines : braconnage, prises accidentelles dans les filets de pêche, prédation par des chiens errants, collisions avec des bateaux. En Guyane, il semble que les pontes de Tortue luth se raréfient ces dernières années. L’Office français de la biodiversité anime le plan national d’action Tortues marine en Guyane et coordonne l’ensemble des acteurs liés à leur protection.

Statut sur la Liste rouge des reptiles de Guyane française : en danger

*Ceiba pentandra* © Jean-Christophe Marsy

Ceiba pentandra © Jean-Christophe Marsy

Le Fromager

Le Fromager (Ceiba pentandra) est un arbre géant largement répandu dans les forêts humides d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. Très imposant, il peut atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut et développe des contreforts avec l’âge. Son tronc lisse est pourvu de nombreuses épines coniques. Un individu particulièrement imposant (50 m de haut pour 40 m de circonférence) est observable dans le village de Saül. En Guyane comme dans toute l’Amérique tropicale, cet arbre majestueux tient une place importante dans la cosmogonie de nombreux peuples, il est lié au chamanisme et est réputé habité par des esprits puissants et parfois dangereux. Ses contreforts sont appréciés par les Wayana pour faire des ciels de cases (disque rond occupant le faîte de leur maison ronde communautaire).

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

*Dendrobates tinctorius* © Raphaël Gailhac - OFB

Dendrobates tinctorius © Raphaël Gailhac - OFB

Le Dendrobate à tapirer

Le Dendrobate à tapirer (Dendrobates tinctorius) est un amphibien présentant des variations de coloration allant du bleu au jaune, plus ou moins maculé de noir. Il vit principalement au sol mais on peut également l’observer dans les arbres. Les glandes présentes dans sa peau sécrètent un poison toxique, qui la protègent des prédateurs. Pour l’homme, elle n’est dangereuse que si le mucus qui la recouvre entre en contact avec une plaie ou des muqueuses. Les Amérindiens en faisaient une préparation qu’ils appliquaient sur des plumes d’oiseaux vertes pour leur donner une coloration jaune ou rouge et dont ils faisaient des parures. Le Dendrobate à tapirer est inscrit sur la liste des amphibiens de Guyane protégés sur l’ensemble du territoire national.

Statut sur la Liste rouge des amphibiens de Guyane : préoccupation mineure.

espèces

Histoire naturelle & temps forts

-13 000 ans

Premières traces d’occupation humaine dans les Guyanes

16e siècle

Premières implantations européennes

1848

Abolition définitive de l'esclavage

1852

Ouverture du premier bagne de Guyane, lieu de déportation pour les condamnés aux travaux forcés jusqu’en 1946

1946

Départementalisation de la Guyane

1964

Création du Centre spatial guyanais à Kourou et création de la Société d'étude et de protection de la nature en Guyane (SEPANGUY)

1992

Création de la Réserve naturelle nationale de l’île du Grand Connétable

1993

Création du Groupe d'étude et de protection des oiseaux de Guyane (GEPOG)

1994

Construction du barrage de Petit Saut

1995

Création de la Réserve naturelle nationale des Nouragues

1996

Création de la Réserve naturelle nationale de la Trinité

1998

Création des réserves naturelles nationales de l’Amana et de Kaw-Roura

2006

Création de la réserve naturelle nationale du Mont Grand Matoury

2007

Création du Parc national Amazonien de Guyane

La forêt humide

La forêt humide tropicale couvre plus de 80 % du territoire de la Guyane et la diversité floristique y est exceptionnelle. Malgré une apparente uniformité, elle recèle de nombreuses variations de type en fonction de la prépondérance de certaines grandes familles botaniques et de facteurs physico-chimiques multiples, comme l’altitude, la nature du sol ou la pluviométrie. Dans le sous-bois, les plantes développent des stratégies leur permettant de vivre avec peu de lumière tandis qu’au sommet, la canopée s’étend à 30 à 40 m du sol. L’humidité ambiante favorise le développement de mousses et de lichens qui s’installent parfois à la surface des feuilles, et de champignons qui jouent un rôle écologique important. Les chablis (chutes naturelles d’arbres, dus à des évènements climatiques comme les fortes pluies) permettent une régénération naturelle de la forêt en ouvrant des clairières qui permettent l’arrivée de la lumière dans le sous-bois et favorisent certaines espèces dites pionnières à la croissante extrêmement rapide.

Forêt dense humide © Sylvain Santelli - 97px

Forêt dense humide © Sylvain Santelli - 97px

Les inselbergs

De l’allemand « insel » : île et « berg » : montagne, ces sommets granitiques dénudés émergeant de la forêt amazonienne sont aussi appelés « savane-roches ». La roche nue est colonisée par des cyanobactéries, algues bleues microscopiques, qui vont par la suite permettre l’installation des plantes vasculaires. On trouve sur les inselbergs de nombreuses espèces végétales caractéristiques dites lithophytes, adaptées aux conditions drastiques de sécheresse et fort ensoleillement, relictuelles des périodes de climat plus sec dans le bassin amazonien. En raison de leur isolement, certains inselbergs abritent des espèces endémiques. On compte environ 200 inselbergs en Guyane, en majorité dans le sud, le plus haut culminant à 740 m.

Inselberg de la roche Koutou © Olivier Tostain - 97px

Inselberg de la roche Koutou © Olivier Tostain - 97px

Les mangroves

Les mangroves sont des forêts localisées le long du littoral et des estuaires, dans la zone de balancement des marées. Elles sont formées principalement de palétuviers, des arbres aux racines en échasses, qui s’accommodent des conditions de vie en eaux saumâtres et dans des sols pauvres en oxygène. À l’interface entre le milieu marin et le milieu terrestre, elles ont un rôle très important pour la biodiversité et accueillent de nombreuses espèces de poissons, crustacés et oiseaux et ont un rôle de nurserie pour la faune marine. En Guyane, les mangroves du littoral sont mobiles : elles se développent sur les bancs de vase issus de l’Amazone, qui se déplacent d’est en ouest suivant le courant équatorial.

Mangrove sur le littoral de Guyane © Olivier Tostain - 97px

Mangrove sur le littoral de Guyane © Olivier Tostain - 97px

Les savanes

Les savanes de Guyane occupent très peu d’espace : seulement 0,3% du territoire. Ce sont des milieux ouverts herbacés, avec quelques arbres ou arbustes plus ou moins isolés, qui se trouvent répartis sur une fine bande le long de la côte, entre la forêt et les zones de marais, sur les plaines basses de sédiments argilo-sableux. Malgré leur faible étendue, elles représentent un milieu remarquable pour la biodiversité : elles abritent 16 % de la flore guyanaise et la végétation y est très spécialisée. Les savanes sont menacées par l’expansion démographique, ainsi que par l’introduction de deux arbres envahissants, l’Acacia mangium et le Niaouli (Melaleuca quinquenervia) qui entraine la fermeture du milieu. Depuis 2011, le Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Guyane (GEPOG) mène des actions pour la conservation des savanes de Guyane, dont la lutte contre les espèces végétales envahissantes, d’abord dans le cadre du programme LIFE+ Cap DOM, puis du LIFE+ BIODIV’OM.

Savanes de Guyane © Bernard G. - 97px

Savanes de Guyane © Bernard G. - 97px

Les marais et les forêts marécageuses

De nombreuses zones humides se situent le long du trait de côte, en retrait des mangroves et en bordure des savanes. Des marais herbacés aux forêts marécageuses, on trouve une diversité de formations végétales qui abritent une faune importante, notamment des caïmans noirs, de nombreuses espèces de poissons d’eau douce ou saumâtre, des crustacés, de nombreux oiseaux en particulier des limicoles et des rapaces ou encore le remarquable Hoazin huppé (Opisthocomus hoazin).

Rivière et marais de Kaw © Pierre-Olivier Jay - 97px

Rivière et marais de Kaw © Pierre-Olivier Jay - 97px

Écosystèmes
Couple de Hoazins huppés © Gwen Quérel / RNN Kaw-Roura

Couple de Hoazins huppés © Gwen Quérel / RNN Kaw-Roura

En Guyane
99 %

du territoire est occupé par des forêts

En savoir plus

Une biodiversité préservée, mais des impacts humains en expansion

La richesse des écosystèmes de Guyane est impressionnante, aussi bien en vertébrés qu’en invertébrés, et surtout en végétaux. La diversité floristique a une répartition assez hétérogène : un petit nombre d’espèces est représenté par un grand nombre d’individus alors qu’un grand nombre d’espèces n’est représenté que par quelques individus. Relativement peu d’espèces sont endémiques strictes du territoire, la plupart se retrouvent également sur le reste du plateau des Guyanes. On peut cependant noter un endémisme important au niveau des poissons d’eau douce (35 à 40 % des espèces) dont la répartition peut parfois être très limitée.

Il n’y a pas de récifs coralliens dans les eaux de Guyane, les côtes sont instables en raison des apports de sédiments de l’Amazone qui forment des bancs de vase se déplaçant de 900 m environ par an, colonisés par la mangrove. Cependant, bien que sans originalité, les eaux guyanaises sont riches en poissons et abritent plusieurs espèces de requins dont le requin Pèlerin et le Grand requin marteau, ainsi qu’une vingtaine d’espèces de cétacés.

La Guyane est peu densément peuplée, et la majorité de la population se concentre sur la bordure atlantique. Bien que la forêt reste peu impactée, notamment au regard des pays voisins (Brésil), de nouvelles routes ouvrent des accès à des zones autrefois préservées. L’augmentation rapide de la démographie et les nouveaux aménagements qui l’accompagnent sont l’une des causes majeures de dégradation des milieux, en particulier sur le littoral.

L’espace maritime guyanais reste peu exploré. La pêche illégale pratiquée par les pêcheurs venus du Suriname et du Brésil impacte les stocks de poissons guyanais et les filets utilisés sont une cause de mortalité importante pour les tortues et les mammifères marins.

La règlementation du Code de l’environnement concernant la chasse ne s’applique pas en Guyane. Le permis de chasser n’est obligatoire que depuis janvier 2020. Le braconnage et le non-respect des règles de chasse (quotas, espèces chassables mais non commercialisables, périodes de chasse) sont des infractions régulièrement observées qui impactent la survie des espèces menacées.

Construit en 1994 sur le Sinnamary pour combler les besoins en électricité de la population guyanaise, le barrage de Petit Saut a eu un fort impact sur l’équilibre écologique de la région. La retenue d’eau de 365 km2 ainsi créée a inondé brutalement la forêt, et la dégradation progressive de la matière organique immergée provoque des rejets de gaz (dioxyde de carbone, méthane, sulfure d’hydrogène) et une anoxie de l’eau, néfaste aux organismes aquatiques. Ces paramètres sont encore étudiés aujourd’hui afin de suivre l’impact de la construction du barrage à long terme.

Le fléau de l’orpaillage illégal

La richesse du sol guyanais en ressources aurifères attire les convoitises. L’exploitation illégale, qui a explosé en Guyane ces dernières années, est un fléau pour la biodiversité que les actions de lutte ne réussissent pas à endiguer et qui n’épargne pas les espaces protégés.

Malgré son interdiction en 2006, le mercure continue d’être utilisé par les garimpeiros (chercheurs d'or clandestins)pour amalgamer l’or et pollue durablement les cours d’eau et les organismes aquatiques que consomment les populations locales. Les taux de contamination observés chez ces populations sont élevés. Les eaux sont également impactées par le défrichement non raisonné de la forêt qui favorise l’érosion et le lessivage des sols, ils deviennent alors trop turbides et pauvres en oxygènes pour la faune et la flore aquatiques. Aux impacts sur l’environnement s’ajoutent d’importants problèmes humains, de misère sociale, de violence et de conflits avec les populations locales.

Depuis 2008, l’opération Harpie implique de nombreux acteurs du territoire (armée, police, justice, douanes, ONF, PAG) dans des interventions qui visent notamment à bloquer l’acheminement du matériel, et procéder à des saisies et des arrestations. Ce problème complexe nécessite une coopération à l’échelle régionale, les orpailleurs clandestins et le matériel provenant majoritairement des pays limitrophes. Cette opération a permis de contenir le phénomène à l'échelle globale. En 2021, les sanctions pénales encourues par les orpailleurs illégaux ont été renforcées dans le cadre de la nouvelle loi Climat. Le renforcement de la traçabilité de l’or serait également nécessaire.

Si l’activité des exploitants aurifères déclarés est encadrée par des dispositions visant à limiter ses conséquences, elle reste cependant impactante pour les milieux naturels. De plus, l’émergence de projets d’exploitation de l’or à l’échelle industrielle pose d’importante préoccupations. Le projet très controversé de la Montagne d’or à fait l’objet d’une importante opposition de la population locale et des associations environnementales. Il a pour le moment été abandonné mais la prolongation des concessions fait l’objet d’une procédure judiciaire toujours en cours.

De vastes zones protégées, une gestion en concertation avec les communautés autochtones

Le territoire est riche en aires protégées, parmi les plus vastes de France. Outre le parc amazonien de Guyane qui couvre le sud de la Guyane, on compte six réserves naturelles nationales (Marais de Kaw-Roura, Mont Grand Matoury, Trinité, Amana, Grand Connétable et Nouragues) et une réserve naturelle régionale (Trésor). Trois zones humides sont classées au protocole de Ramsar (Basse Mana, les marais de Kaw et l’estuaire des fleuves Sinnamary et Iracoubo) et on compte également 14 000 ha protégés par le Conservatoire du littoral. La Guyane compte également deux réserves biologiques intégrales : la réserve de Petites Montagnes Tortue et la réserve de Lucifer Dékou-Dékou. La création d’une réserve biologique dirigée est en cours.

La conciliation de la préservation de la biodiversité avec le respect des modes de vie et des traditions des populations est un enjeu fort en Guyane. Le Parc national et l’OFB ont par exemple mené un programme d’étude pour mieux connaître les pratiques de chasse, évaluer l’état de conservation des gibiers et ainsi construire avec les communautés locales des modes de gestion adaptées.

enjeux
Agricultrices à Mayotte © Bertrand Fanonnel
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Mayotte