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La Montagne Pelée depuis la mer © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

La Martinique,
« l’île aux iguanes »

Martinique
La Montagne Pelée depuis la mer © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Des paysages contrastés

Au cœur de l’arc des Petites Antilles, la Martinique, baptisée Ioünacaera « l’île aux iguanes » par ses premiers occupants amérindiens, présente une grande diversité de paysages. Au nord, des forêts humides bien conservées entourent le volcan de la Montagne Pelée. Le sud, plus sec et d’une altitude plus faible, est plus peuplé et urbanisé. L'île est entourée de 48 îlets, répartis principalement sur la côte atlantique, sur lesquels on retrouve une végétation adaptée aux milieux très secs et qui accueillent de nombreux oiseaux nicheurs.

1 128
km2
Superficie terrestre
45 000
km2
Superficie marine
361 200
habitants en 2020
1 397
m
point culminant, Montagne Pelée

Quelques repères en Martinique

Cliquez sur la carte thématique pour vous repérer en un coup d'œil !

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Lieux emblématiques

Presqu’île de la Caravelle © PNR de la Martinique - AERODREAM
Presqu’île de la Caravelle © PNR de la Martinique - AERODREAM

La presqu’île de la Caravelle

À l'est de la Martinique, la presqu’île de la Caravelle présente une grande variété d’écosystèmes : savanes, falaises, forêt, mangroves. Le site est classé Réserve naturelle nationale depuis 1976 car il est le refuge du Moqueur gorge-blanche (Ramphocinclus brachyurus), oiseau endémique fortement menacé.

Montagne Pelée © Youri Germany - Unsplash
Montagne Pelée © Youri Germany - Unsplash

La Montagne Pelée et les Pitons du Carbet

Ces deux zones de forêt humide au nord de l'île sont classées en Réserve biologique intégrale, gérées par l'Office national des forêts. La forêt y est laissée en évolution naturelle, l'exploitation et les interventions y sont interdites, à l'exception des aménagements pour la sécurité du public. La Montagne Pelée, volcan toujours en activité, est étroitement surveillée.

Cascade dans le Parc Naturel Régional de la Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Cascade dans le Parc Naturel Régional de la Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Le Parc naturel régional de la Martinique

Créé en 1976, le Parc naturel régional s’étend sur 32 communes et couvre les 2/3 de l’île. Son objectif est de conjuguer le développement de l’île avec la préservation de ses richesses naturelles et culturelles.

Réserve des îlets de Sainte Anne © PNR de la Martinique - Géo-graphique
Réserve des îlets de Sainte Anne © PNR de la Martinique - Géo-graphique

Les îlets de Sainte Anne

Ces quatre îlets, classés Réserve naturelle nationale depuis 1995, sont l'un des plus importants sites de nidification des oiseaux marins des Petites Antilles. On y trouve entre autres puffins, sternes et noddis. L’accès en est strictement interdit.

L’étang des Salines, Martinique © PNR de la Martinique - Autrevue
L’étang des Salines, Martinique © PNR de la Martinique - Autrevue

L’étang des Salines

D’une superficie de 207 ha, ce site géré par le Conservatoire du littoral abrite une importante faune et flore patrimoniale.

En Martinique
18
espèces sur les 100 considérées comme les plus envahissantes au monde sont présentes sur le territoire
En savoir plus
*Chelonia mydas* © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Chelonia mydas © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

La Tortue verte

La Tortue verte (Chelonia mydas) est l’une des cinq espèces de tortues marines qui fréquentent les eaux de Martinique. Si elle est régulièrement observable dans l’eau, en alimentation sur les herbiers, elle ne pond que rarement sur les plages de Martinique. Comme toutes les espèces de tortues marines, elle est menacée d'extinction, notamment en raison des captures accidentelles dans les filets de pêche et la dégradation des sites de ponte. Le dérangement répété par les baigneurs peut également occasionner une forte dépense d’énergie pour les tortues, c’est pourquoi il est recommandé de garder une distance minimum de quelques mètres et de ne pas tenter de les toucher.

Statut dans la Liste rouge des reptiles de Martinique : en danger critique.

*Iguana delicatissima* © Patrick Haffner - INPN
Iguana delicatissima © Patrick Haffner - INPN

L'Iguane des Petites Antilles

L’Iguane des Petites Antilles ou Iguane péyi (Iguana delicatissima) était autrefois présent sur tout le nord des Petites Antilles, depuis Anguilla jusqu’à la Martinique. Il a aujourd’hui disparu de nombreux territoires, et est considéré en danger critique d’extinction. Sa survie est menacée par l’introduction de l’Iguane commun (Iguana iguana) avec qui il ne doit pas être confondu. L’Iguane commun exotique se reconnait aux rayures sombres sur la queue et à sa grosse plaque ronde sur la joue, sous le tympan, que ne possèdent pas l’Iguane des Petites Antilles.

Statut dans la Liste rouge des reptiles de Martinique : en danger critique.

*Bothrops lanceolatus* © Maël Dewynter - INPN
Bothrops lanceolatus © Maël Dewynter - INPN

Le Trigonocéphale

Serpent endémique venimeux, le Trigonocéphale (Bothrops lanceolatus) a été victime de sa mauvaise réputation bien que peu d’accidents aient été à déplorer et qu’un anti-venin existe. Des primes à la capture ont longtemps existé et dans les années 1980, la Petite mangouste indienne (Urva auropunctata) a été introduite depuis l'Inde dans le but de le combattre, cependant le serpent étant nocturne et la mangouste diurne, celle-ci s’est rabattue sur la consommation d'autres espèces indigènes. Le trigonocéphale est aujourd’hui rare sur l’île.

Statut dans la Liste rouge des reptiles de Martinique : en danger.

*Aechmea reclinata* © Cesar Delnatte - OMB
Aechmea reclinata © Cesar Delnatte - OMB

L'Ananas bois

L’Ananas bois (Aechmea reclinata) a été décrit pour la première fois en 1999 par une équipe du Parc naturel régional. Endémique de Martinique, cette espèce n’a été observée qu’en arrière-mangrove de Genipa et sur la montagne du Vauclin. Peu après sa découverte, une grande part de son aire de répartition a été défrichée illégalement pour y planter de la canne à sucre, mettant en péril cette espèce tout juste inventoriée.

Statut dans la Liste rouge de la flore vasculaire de Martinique : en danger critique.

*Ramphocinclus brachyurus* © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Ramphocinclus brachyurus © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Le Moqueur gorge-blanche

Le Moqueur gorge-blanche (Ramphocinclus brachyurus) est un petit oiseau à la face dorsale foncée et la face ventrale blanche constitué de deux sous-espèces, l'une endémique de la Martinique (Ramphocinclus brachyurus brachyurus) et l'autre de Sainte-Lucie (Ramphocinclus brachyurus sanctaeluciae). La sous-espèce de la Martinique se trouve uniquement dans les zones boisées de la presqu’île de la Caravelle. Considéré en danger d’extinction en raison de la petite taille de la population, il est victime de la prédation par les espèces introduites et fait l’objet d’un programme de conservation dans le cadre du programme LIFE BIODIV’OM.

Statut dans la Liste rouge des oiseaux de Martinique : en danger critique.

*Thalassia testudinum* © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Thalassia testudinum © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

L'Herbe à Tortue

L’Herbe à Tortue (Thalassia testudinum) est une plante marine qui compose les herbiers de phanérogames sous-marins, souvent accompagnée de l’Herbe à Lamentin (Syringodium filiforme). Son aire de répartition couvre l’ensemble des Caraïbes, et de nombreuses espèces marines s’en nourrissent. L'introduction d'une espèce exotique de phanérogame, Halophila stipulacea, signalée depuis 2006 dans les eaux martiniquaises, représente une potentielle menace pour ces herbiers indigènes. Des études sont en cours pour suivre son expansion et mesurer ses impacts sur les communautés marines.

Statut dans la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

*Aliger gigas* © Benjamin Guichard - OFB
Aliger gigas © Benjamin Guichard - OFB

Le Lambi

Le Lambi (Aliger gigas) est un mollusque dont la coquille imposante peut atteindre 30 cm et 1,5 kg. Victime de la surpêche pour sa chair et parfois l’usage décoratif de sa coquille, son exploitation est aujourd’hui strictement contrôlée. La Martinique en a fait son emblème officiel.

Statut dans la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Caribena versicolor* © A. Lacoeulhe - INPN
Caribena versicolor © A. Lacoeulhe - INPN

Le Matoutou Falaise

Le Matoutou Falaise (Caribena versicolor) est une mygale arboricole endémique de la Martinique. D’une envergure totale pouvant aller jusqu’à 15 cm, elle se caractérise par ses couleurs : abdomen rouge vif, pattes roses violacées et thorax bleuté. Prédatrice nocturne, elle se nourrit principalement d'insectes et est inoffensive pour les humains. Longtemps prélevée par les terrariophiles, l’espèce est protégée depuis 2017 au niveau national et sa détention est illicite.

Statut dans la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Dacryodes excelsa* © Cesar Delnatte - INPN
Dacryodes excelsa © Cesar Delnatte - INPN

Le Gommier blanc

Le Gommier blanc (Dacryodes excelsa) est l’un des plus grands arbres des forêts de Martinique, il peut atteindre 35 mètres de haut. Il est exploité pour son bois et sa résine.

Statut dans la Liste rouge de la flore vasculaire de Martinique : non évalué.

Histoire naturelle & temps forts

1e siècle

Premières traces d'occupation humaine en Martinique

1635

La Martinique devient française

1929-1932

Dernière éruption de la Montagne Pelée

1976

Création du Parc naturel régional de Martinique et de la Réserve naturelle nationale de la presqu'île de la Caravelle

1995

Création de la Réserve naturelle nationale des îlets de Sainte Anne

2010

Création du Sanctuaire AGOA pour les mammifères marins qui couvre toutes les Antilles françaises

2014

Création de la Réserve naturelle régionale marine du Prêcheur - Albert Falco

2016

Expédition Madibenthos : inventaire de la faune et de la flore marine côtière

2020

Publication de la Liste rouge de la Faune de Martinique

Les plages

Couvrant un linéaire de 50 km sur l’île, surtout dans le sud, les plages sont des lieux de ponte pour 3 espèces de tortues marines et sont également bordées par un cortège floristique intéressant : Patate bord-de-mer(Ipomoea pes-caprae), Pois bord-de-mer (Canavalia rosea), Raisinier bord-de-mer (Coccoloba uvifera)… Cette végétation est toutefois fortement dégradée par les installations touristiques et l’importante fréquentation de certaines plages.

Plage de Martinique © Antoine Forget - OFB
Plage de Martinique © Antoine Forget - OFB

La forêt humide tropicale

Les forêts humides se trouvent principalement dans le nord, sur les massifs montagneux et difficilement accessibles des pitons du Carbet de la Montagne Pelée. On distingue plusieurs types de forêts présentant différents cortèges floristiques en fonction de l’altitude. On y trouve une importante diversité, notamment en espèces endémiques.

Forêt humide de Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Forêt humide de Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Les mangroves

A l’interface entre le milieu marin et le milieu terrestre, les mangroves ont des rôles fonctionnels très importants : protection contre l’érosion, piège à sédiment, puit de carbone, épuration de l'eau, nurserie pour poissons… Elles couvrent actuellement plus de 2 000 ha en Martinique, mais occupaient autrefois des surfaces beaucoup plus importantes avant d’être déboisées.

En 2020, et à nouveau en 2021, l'eau a temporairement pris une coloration rose peu commune dans certaines zones de mangroves ! La forte évaporation due à la sécheresse a provoqué une augmentation de la salinité, entraînant un "bloom" (forte multiplication) d'une microalgue qui a donné à l'eau cette couleur surprenante.

Mangrove, Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Mangrove, Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Les herbiers sous-marins

Les herbiers sont composés principalement de phanérogames marines : ce ne sont pas des algues mais bien des plantes à fleurs aquatiques ! Ils sont des lieux de reproduction, de développement et d’alimentation de nombreuses espèces (poissons, oursins, tortues…). En Martinique, ils s’étendent sur les fonds sableux sur près de 5 000 ha.

Herbier et poisson, Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Herbier et poisson, Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA

Les récifs coralliens

Des communautés coralliennes se développent sur tous les petits fonds de l’île mais elles ne forment de véritables récifs que sur la côte atlantique de l’île et dans la baie de Fort de France. 40 espèces coralliennes sont recensées dans les eaux de l’île, cependant, une importante partie des colonies sont considérées comme dégradées.

Récif de Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
Récif de Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
La Monnaie Caraïbes à ocelle (*Cyphoma gibbosum*), Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
La Monnaie Caraïbes à ocelle (Cyphoma gibbosum), Martinique © Fabien Lefebvre - Association ACWAA
En Martinique
50 %
des récifs coralliens sont en diminution
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Une biodiversité fragile, soumise à de nombreuses pressions

L’expansion démographique et l’urbanisation, surtout au centre et au sud de l’île, entraînent défrichements, rejets domestiques, industriels et agricoles, qui impactent fortement les milieux naturels de la Martinique. Les mangroves sont notamment des milieux particulièrement sensibles soumis à de fortes pressions anthropiques : aménagements, décharge, pollution, etc. Un projet de réserve naturelle régionale est à l’œuvre concernant les mangroves de la baie de Génipa.

Les coupes illégales de bois et le trafic d’espèces indigènes, du Lambi (Aliger gigas) ou du Matoutou falaise (Caribena versicolor) par exemple, sont des problématiques importantes et la règlementation existante est difficile à faire appliquer.

De nombreuses espèces indigènes sont menacées par les espèces exotiques introduites : rats, mangouste, Iguane commun, etc. En milieu marin, le Poisson-lion (Pterois volitans), espèce originaire de la région indo-pacifique qui a colonisé toute la Caraïbe, est un consommateur vorace de poissons qui ne connaît pas de prédateurs et a une stratégie de reproduction très efficace. Il est considéré comme une menace majeure pour la biodiversité marine.

Des préoccupations communes aux territoires antillais

Comme en Guadeloupe, la chlordécone, pesticide utilisé dans les bananeraies entre les années 1970 et 1990 a massivement pollué les milieux naturels de l’île. Si ses impacts sur la santé humaine commencent à être reconnus, ses conséquences sur les espèces et les écosystèmes sont également étudiées. Des études ont notamment montré une importante contamination des organismes aquatiques ce qui a conduit à l'interdiction de la pêche dans tous les cours d'eau et sur une partie des zones côtières de l'île.

Les échouages de sargasses sont un phénomène naturel dont l’ampleur a considérablement augmenté ces dernières années dans les Antilles. Les radeaux denses et les dépôts épais qu’elles forment sur les plages piègent de nombreuses espèces dont des tortues, et ont également un impact sanitaire et économique important.

Un Observatoire local de la biodiversité

Face aux enjeux de la préservation et la valorisation de la biodiversité martiniquaise, 45 structures institutionnelles et associatives se sont réunies autour du Parc naturel régional de la Martinique pour la création d’un Observatoire Martiniquais de la biodiversité (OMB) afin de mutualiser les connaissances, sensibiliser le public et faciliter l’intégration de la biodiversité dans les politiques publiques.

Lancé en 2015, l’OMB est ainsi un dispositif multi-partenarial au service des acteurs locaux et du grand public. Une plateforme internet www.biodiversite-martinique.fr a été créée pour remplir les missions de centralisation et de diffusion des connaissances. Elle présente un centre de ressources, des actualités, ainsi que la faune, la flore et les habitats naturels de l’île. Un système d’information, du nom de MadiNati, a été développé et constitue le système d'information de l'inventaire du patrimoine naturel (SINP) régional. Les données relatives à la biodiversité terrestre, aquatique et marine y sont centralisées.

Baie d'Oro, Île des Pins, Nouvelle-Calédonie © Hélène Udo / OFB
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