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16 % des espèces d’outre-mer sont considérées comme éteintes ou menacées

biodiversité & menaces
Albatros hurleur, archipel de Crozet, TAAF © Julie Tucoulet
Albatros hurleur, archipel de Crozet, TAAF © Julie Tucoulet
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La Liste rouge de l'UICN

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) développe depuis 1964 un outil de référence permettant de mesurer l'état de conservation de la faune et de la flore mondiale : la Liste rouge. Les espèces y sont classifiées par catégories selon leur degré de vulnérabilité. Cela permet d'identifier les priorités d'action, les progrès accomplis ou les défis à relever pour la conservation des espèces.

En France, l'élaboration de la Liste rouge nationale des espèces menacées est mise en œuvre depuis 2008 par le Muséum national d'Histoire naturelle, l'Office français de la biodiversité et le Comité français de l'UICN, en collaboration avec un large réseau d'experts.

Les espèces menacées en outre-mer

Visualisez quelques exemples de pourcentages d'espèces menacées par groupe taxonomique Télécharger l'image
Tortue luth, Guyane © Raphael Gailhac
Tortue luth, Guyane © Raphael Gailhac

Plusieurs catégories de risque d’extinction

Chaque espèce est évaluée par un groupe d’experts selon des critères bien définis tels que la taille de ses populations, son aire de distribution ou encore la disparition de son habitat naturel, pour pouvoir lui attribuer une catégorie. Le chiffre présenté ici comprend les espèces classées dans les catégories « éteinte au niveau mondial », « éteinte à l’état sauvage », « disparue au niveau régional », « en danger critique d’extinction », « en danger » et « vulnérable » dans les Listes rouges réalisées en outre-mer.

Il faut noter qu’une espèce peut être classée menacée sur le territoire national mais pas à l’échelle mondiale si son statut est bon dans d’autres pays. Cependant on trouve en outre-mer de nombreuses espèces endémiques qui ne sont présentes nulle part ailleurs dans le monde et dont le statut de menace mondial correspond donc au statut national.

Encore beaucoup d'évaluations à réaliser

De nombreuses espèces ne sont pas encore évaluées ou sont classées dans la catégorie « données insuffisantes ». C’est le cas par exemple pour de nombreux invertébrés, les champignons, ou encore les lichens et mousses, qui sont pourtant essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes. Les espèces marines souffrent également d'un important déficit d'évaluations. Les chiffres présentés dans les Listes rouges ne sont donc pas exhaustifs, ils se précisent régulièrement au fur et à mesure de l’amélioration des connaissances scientifiques et de la parution de nouveaux travaux.

De nombreux territoires d'outre-mer ont développé des chapitres de Listes rouges à l'échelle de leur territoire, mais certains, comme Saint-Pierre-et-Miquelon ou Wallis-et-Futuna sont trop petits pour que l'application de cette méthodologie soit pertinente à cette échelle.

Quelles menaces pèsent sur les espèces ?

Selon l'IPBES*, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les plus forts impacts à l’échelle mondiale sont, dans l'ordre : les changements d’usage des terres et de la mer, l'exploitation directe de certains organismes, le changement climatique, les pollutions et les espèces exotiques envahissantes. Les impacts de ces différents facteurs sont souvent liés et s'additionnent : l'installation de certaines espèces exotiques peut par exemple être facilitée par les changements climatiques. Dans les îles, les espèces exotiques envahissantes seraient le premier facteur de perte de biodiversité.

*la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES en anglais) est un groupement international d'experts de la biodiversité, créé sous l'égide de l'ONU en 2012. L'IPBES a publié le 6 mai 2019 le premier rapport d'évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques.

Des programmes de conservation pour les espèces les plus menacées

De nombreux programmes sont mis en place pour tenter de protéger les espèces menacées. Ils visent à organiser des suivis des populations, mettre en œuvre des actions favorables à la restauration de ces populations ou de leur habitat, informer le public et les élus et faciliter l'intégration de la protection de ces espèces dans les politiques publiques.

Parmi ces outils, on trouve notamment les Plans nationaux d’actions qui concernent de nombreuses espèces d’outre-mer telles que l’Albatros d’Amsterdam (Terres australes françaises), le Gecko vert de Manapany et le Bois de Papaye (La Réunion), l’Iguane des Petites Antilles (Antilles françaises), les tortues marines (Antilles françaises, Guyane et océan Indien) ou encore le Crabier Blanc (Mayotte).

La Commission européenne soutient également des programmes de conservation des espèces et des habitats via son programme de financements LIFE, par exemple le LIFE+ Pétrels (La Réunion), le LIFE+ BIODIV'OM (5 espèces et un habitat, 5 territoires concernés : Mayotte, Guyane, Saint-Martin, Martinique, La Réunion) ou encore le LIFE+ Forêt Sèche (La Réunion).

Il existe encore bien d'autres initiatives comme un Plan d’action pour la sauvegarde du Cagou (Nouvelle-Calédonie), le Plan de conservation en faveur des puffins de l'île de La Réunion ou différents programmes de conservation des oiseaux menacés de Polynésie française.

Forêt tropicale humide, Montagne Trésor, Guyane  © Guillaume Feuillet - 97px
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85 % du territoire d’outre-mer est occupé par des forêts