Carte Polynésie française

Huahine (archipel de la Société) © Céline Soyer

La Polynésie française,
un bien commun peuplé d'espèces emblématiques et remarquables

Polynésie française
Huahine (archipel de la Société) © Céline Soyer

La nature indissociable du patrimoine culturel

À plusieurs milliers de kilomètres des continents les plus proches, la Polynésie française, avec ses 118 îles réparties en 5 archipels (Australes, Société, Marquises, Tuamotu, Gambier), s’étend sur une surface grande comme l’Europe. On trouve une grande diversité géomorphologique, des îles volcaniques hautes jeunes de moins d’un million d’années (Tahiti) aux atolls de plusieurs dizaines de millions d’années, ainsi qu’une grande amplitude climatique, allant du climat subtropical au quasi-équatorial. L’extrême isolement géographique des îles de la Polynésie française est à l’origine d’un taux d’endémisme particulièrement élevé de la faune et la flore terrestre, mais il rend aussi la gestion des espaces naturels plus difficile. La nature et la culture sont souvent indissociables dans les savoirs traditionnels du fenua.

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3 520
km2
Superficie terrestre
4,8 millions
km2
Superficie marine
283 147
habitants en 2022

2 241

m
point culminant, Mont Orohena (Tahiti)

Quelques repères en Polynésie française

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Carte Polynésie française

Iles et archipels

Vue sur le mont Otemanu, Bora Bora, Société © Julien Meillon - 97px

Vue sur le mont Otemanu, Bora Bora, Société © Julien Meillon - 97px

Les îles de la Société

Cet ensemble est divisé en deux groupes : les îles du Vent à l’est, comprenant Tahiti, la plus grande, la plus haute et la plus peuplée des îles de Polynésie française et les îles sous le Vent, à l’ouest avec entre autres la célèbre île de Bora Bora.

Forêt de Raiatea, Société © Céline Soyer

Forêt de Raiatea, Société © Céline Soyer

Raiatea (Société)

Les plateaux du mont Temehani à Raiatea hébergent une flore endémique exceptionnelle dont le fameux Tiare 'apetahi, fleur protégée et symbole culturel de l’île. Le marae Taputapuātea, au sud de l’île, est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2017 comme un site d’importance culturelle et spirituelle dans le Triangle Polynésien. Les marae construits par le peuple mā’ohi du XIVe au XVIIIe siècle étaient des espaces reliant le monde des vivants et celui des ancêtres et des dieux.

Tahiti, Société © Céline Soyer

Tahiti, Société © Céline Soyer

Tahiti (Société)

Tahiti est la plus grande et la plus haute île de Polynésie française, c'est également la plus peuplée. Elle est la seule à posséder des sommets de plus de 1 300 m d'altitude, dont trois à plus de 2 000 m. On y trouve des zones de forêts naturelles avec une végétation subalpine unique en Polynésie française et dans les îles océaniques du Pacifique sud.

Raivavae, Australes © Pierre Lesage - Wikimedia Commons

Raivavae, Australes © Pierre Lesage - Wikimedia Commons

Les Australes

Situées au sud-ouest de la Polynésie française, les Australes regroupent 7 petites îles, dont Rapa, avec une richesse floristique et faunistique parmi les plus extraordinaires du monde.

Rapa, Australes © Sardon - Wikimedia Commons

Rapa, Australes © Sardon - Wikimedia Commons

Rapa (Australes)

L’île la plus au sud de toute la Polynésie française, au climat subtropical, possède une richesse floristique et faunistique incroyablement élevée compte tenu de sa petite superficie (40 km2). Plus de 200 espèces de plantes y sont recensées, dont 30 % d’endémiques strictes, ainsi que des centaines d’invertébrés (insectes et mollusques) endémiques.

Motu dans l'atoll de Rangiroa, Tuamotu © Claude Rives - 97px

Motu dans l'atoll de Rangiroa, Tuamotu © Claude Rives - 97px

Les Tuamotu

Ce vaste ensemble regroupe 76 atolls de taille et forme variées, dont des atolls soulevés comme Makatea. Les fonds marins y sont d’une grande richesse. Les atolls de Mururoa et Fangataufa sont tristement célèbres pour avoir été le lieu des essais nucléaires français entre 1966 et 1995.

Plage de Fakarava, Tuamotu © Céline Soyer

Plage de Fakarava, Tuamotu © Céline Soyer

Fakarava (Tuamotu)

L’atoll est célèbre pour sa richesse sous-marine, en particulier ses regroupements exceptionnels de requins gris (Carcharhinus amblyrhynchos). Le lagon, deuxième plus grand de Polynésie française après celui de Rangiroa, s’ouvre sur l’océan par deux passes, au sud et au nord. La passe nord, large de 1 600 m, est la plus grande de toute la Polynésie française. Fakarava, ainsi que six atolls et atolls soulevés environnants, sont classés Réserve de biosphère par l’UNESCO depuis 1977.

Vue aérienne de Nuku Hiva, Marquises © Pamela Carzon - 97px

Vue aérienne de Nuku Hiva, Marquises © Pamela Carzon - 97px

Les Marquises

En marquisien Fenua Enata, la « Terre des Hommes », les Marquises regroupent 14 îles aux reliefs escarpés qui ne sont pas entourées par un récif de corail. Les écosystèmes marins des Marquises sont particulièrement riches en nutriments d’où la présence et l’abondance d’espèces remarquables comme les cétacés. La candidature des Marquises à l’inscription au patrimoine naturel et culturel de l’UNESCO est en cours d’instruction.

Monarque de Ua Huka © Fred Jacq - INPN

Monarque de Ua Huka © Fred Jacq - INPN

Ua Huka (Marquises)

L’île est la plus riche en oiseaux terrestres endémiques de Polynésie française car c’est la seule île habitée des Marquises où le rat noir (Rattus rattus) n’est pas présent. On y trouve notamment la Perruche des Marquises (Vini ultramarina), le Monarque de Ua Huka (Pomarea iphis) ou encore la Rousserolle des Marquises nord (Acrocephalus percernis).

Mangareva, Gambier © Fred - Wikimedia Commons

Mangareva, Gambier © Fred - Wikimedia Commons

Les Gambier

Situés à l’est de la Polynésie française, les Gambier regroupent 14 îles hautes dont Mangareva, la plus grande, ainsi que quelques atolls.

Lieux d'intérêt
En Polynésie française
42 %

du territoire est occupé par des forêts

En savoir plus
Coquille de *Charonia tritonis* © Antano - Wikimedia Commons

Coquille de Charonia tritonis © Antano - Wikimedia Commons

Le Triton géant ()

Le Triton géant (Charonia tritonis) aussi appelé Conque, est l’un des plus grands gastéropodes des récifs de la zone Indo-Pacifique. Sa coquille, qui peut mesurer jusqu’à 50 cm, est traditionnellement utilisée comme instrument de musique à vent. Carnivore, il est l’un des seuls prédateurs connus de l’étoile de mer corallivore Acanthaster planci, parfois proliférante dans les lagons. Victime d’une récolte intensive, l’espèce est désormais protégée par le Code de l’Environnement polynésien et sa pêche est interdite.

Statut sur la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Sclerotheca raiateensis* © Fred Jacq - INPN

Sclerotheca raiateensis © Fred Jacq - INPN

Le Tiare 'apetahi

Le Tiare ‘apetahi (Sclerotheca raiateensis) est un arbuste strictement endémique de l’île de Raiatea (archipel de la Société). La cueillette excessive de ses fleurs, l’attaque de ses tiges et son écorce par les rats, le piétinement accidentel de ses plantules par l’Homme, le fouissage des cochons ensauvagés, la compétition avec des plantes exotiques envahissantes et des micro-organismes pathogènes ont conduit à sa raréfaction. L’espèce est protégée depuis 1996 par le Code de l’Environnement polynésien et un plan de conservation a été mis en place en 2009 pour essayer de sauvegarder les dernières populations survivantes.

Statut sur la Liste Rouge de la flore vasculaire endémique de Polynésie française : en danger critique.

*Santalum insulare* © Fred Jacq - INPN

Santalum insulare © Fred Jacq - INPN

Le Santal polynésien (ahi ou puahi)

Le Santal polynésien (Santalum insulare) est un arbre endémique de Polynésie française comprenant sept variétés endémiques dans les archipels de la Société, Marquises et Australes. Hémiparasite, il a besoin de plantes-hôtes pour se développer. Son bois très odorant utilisé en médicine traditionnelle, parfumerie ou encore en sculpture, a été surexploité pour servir de monnaie d’échange au 19e siècle, ce qui a entraîné sa rareté actuelle. Sa régénération est aujourd’hui menacée par la prédation de ses graines par les rats introduits, ainsi que la disparition des oiseaux disséminateurs des graines, la destruction de son habitat et le développement des plantes exotiques envahissantes. Il est protégé par le Code de l’environnement polynésien. Un programme de sauvegarde mis en place à la fin des années 1990 a permis le reboisement de plusieurs parcelles après la culture de plants en pépinière.

Statut sur la Liste rouge de la flore vasculaire endémique de Polynésie française : en danger critique à vulnérable selon les variétés.

*Pomarea nigra* © Fred Jacq - INPN

Pomarea nigra © Fred Jacq - INPN

Le Monarque de Tahiti (‘Omama’o)

Le Monarque de Tahiti (Pomarea nigra) est un passereau insectivore forestier, endémique de l’île de Tahiti. L’adulte est entièrement noir, avec un bec et des pattes plus claires, tandis que le jeune est orangé. L’espèce est victime de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, majoritairement de la prédation des œufs par les rats, la compétition avec les oiseaux introduits (Martin triste (Acridotheres tristis) et Bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer)) et la dégradation de son habitat forestier naturel. Au bord de l’extinction, il ne subsistait plus que 12 individus lors de la mise en place d’un programme de conservation en 1998 par la SOP Manu. Avec environ 100 individus estimés en 2020, les effectifs de l’espèce sont en augmentation mais sa survie reste fragile.

Statut sur la Liste rouge des oiseaux de Polynésie française : en danger critique.

*Chelonia mydas* © Benjamin Guichard - OFB

Chelonia mydas © Benjamin Guichard - OFB

La Tortue verte (Honu)

Sur les cinq espèces de tortues marines présentes en Polynésie française, la Tortue verte (Chelonia mydas) est la plus fréquemment observée. Ses sites de ponte connus se situent principalement à l’ouest de l’archipel de la Société, mais le statut des populations polynésiennes est encore mal connu. Dans la culture traditionnelle polynésienne, les tortues marines sont des animaux sacrés, émanation de Ta’aroa ou Tangaroa, le Dieu des océans, elles guident les navigateurs lors des traversées du Pacifique. Autrefois protégées par un tapu (interdit), elles n’étaient consommées que par les hommes de haut rang lors de rites complexes et codifiés. Elles sont aujourd’hui intégralement protégées par le Code de l’Environnement de Polynésie, mais sont cependant toujours victimes de braconnage. La détérioration de leurs habitats et des sites de ponte sont également des menaces pour leur survie.

Statut sur la Liste rouge mondiale : en danger.

*Gardenia taitensis* © Eole Wind - Wikimedia Commons

Gardenia taitensis © Eole Wind - Wikimedia Commons

Le Tiare Tahiti

Le Tiare Tahiti (Gardenia taitensis) est un arbuste dont les fleurs blanches odorantes sont utilisées pour la fabrication du monoi (huile de coprah issue de la noix de coco, dans laquelle sont macérées des fleurs de tiaré). Originaire des îles du Pacifique ouest, il a été introduit par les premiers Polynésiens (comme d’autres plantes cultivées telles que l’arbre à pain, le taro, le bambou, etc.) et est devenu l’une des espèces emblématiques de la Polynésie française.

Statut sur la Liste rouge mondiale : non évalué.

*Birgus latro* © Olivier Gargominy - INPN

Birgus latro © Olivier Gargominy - INPN

Le Crabe des cocotiers (‘Aveu ou Kaveu)

Le Crabe des cocotiers (Birgus latro) est le plus gros crabe terrestre au monde : son poids peut atteindre 4 kg et sa longueur 20 cm. Il appartient à la famille des bernard-l'hermite, cependant seuls les juvéniles récupèrent des coquilles de gastéropodes pour protéger leur abdomen. Ce crustacé passe l’ensemble de son cycle de vie sur la terre et possède un régime alimentaire omnivore opportuniste, se nourrissant majoritairement de graines et de fruits, dont les noix de coco, qu’il peut ouvrir grâce à ses pinces puissantes. Les populations de crabe des cocotiers sont en régression en Polynésie française en raison de leur surexploitation, car sa chair et ses œufs sont très appréciés. Il est interdit de capturer des individus dont la longueur entre la base de la tête et le début de l’abdomen est inférieure à 6 cm ainsi que les femelles qui portent des œufs ou encore les individus en mue, pour ne pas mettre en danger l’espèce.

Statut sur la Liste rouge mondiale : vulnérable.

*Partula tristis* © Fred Jacq - INPN

Partula tristis © Fred Jacq - INPN

Les escargots du genre Partula

Plus de 500 espèces et sous-espèces de gastéropodes terrestres ont été recensées en Polynésie françaises, et elles sont quasiment toutes endémiques. Leur répartition est parfois très limitée et beaucoup d’espèces sont malheureusement considérées comme éteintes. Les petits escargots arboricoles de la famille des Partula étaient autrefois très répandus, et leurs coquilles étaient très appréciées pour la réalisation de colliers. Cependant, l’introduction de l’escargot carnivore Euglandina rosea dans les années 1970, pour lutter contre un autre escargot introduit (Lissachatina fulica), a conduit à l’extinction d’une soixantaine d’espèces de Partulas sur les 75 alors répertoriées. Onze d'entre elles étaient encore conservées dans des zoos européens et américains. Un programme de réintroduction des Partulas, mis en place par la Direction de l’environnement de Polynésie française a permis de réintroduire 8 espèces éteintes à l'état sauvage entre 2015 et 2019.

espèces

Histoire naturelle & temps forts

1,3 millions d'années

Émergence de l'île de Tahiti

Entre -150 avant J.C. et le 1e siècle

Premières traces d'occupation humaine des Marquises

300

Estimation de la première occupation humaine des îles de la Société

16e siècle

Première arrivée des Européens aux Marquises

1880

Cession de la souveraineté des îles dépendant de la couronne de Tahiti à la France par le roi Pomare V

1957

Les Établissements français de l’Océanie prennent le nom de Polynésie française

1966 - 1995

Essais nucléaires français à Mururoa et Fantagaufa (Tuamotu)

1977

Création de la réserve de biosphère UNESCO de Fakarava (Tuamotu)

2002

Création du sanctuaire pour les mammifères marins sur l'ensemble de l'espace maritime

2003

Publication du Code de l'Environnement de la Polynésie française

2012

Création du sanctuaire pour les requins sur l'ensemble de l'espace maritime

2015

Publication des Listes rouges des oiseaux et de la flore vasculaire endémique de Polynésie française

2018

Création de l'aire marine protégée Te Tainui Atea

Les récifs coralliens et les lagons

Plus de 15 000 km2 de récifs et de lagons s’étendent autour des îles et d'atolls des différents archipels. Soumis à la prédation de l’étoile de mer corallivore Acanthaster planci, aux épisodes de blanchissement de plus en plus fréquents et aux pressions anthropiques, l'état de santé des coraux varie selon les archipels.
Associés aux écosystèmes récifaux, les herbiers sous-marins sont peu étendus en Polynésie française et sont présents par petits patchs.

Récifs de Taha'a, archipel de la Société © Pamela Carzon - 97px

Récifs de Taha'a, archipel de la Société © Pamela Carzon - 97px

La sub-mangrove et les prairies à Paspalum vaginatum

Formation marécageuse occupant les zones littorales inondées, les embouchures des rivières et les secteurs marécageux, les sub-mangroves sont dominée par l’arbre Hibiscus tiliaceus et la grande fougère Acrostichum aureum. On trouve également des formations marécageuses herbacées, constituées essentiellement de tapis denses de l’herbe indigène Paspalum vaginatum. Ces formations indigènes sont potentiellement menacées par l’expansion des mangroves à Rhizophora stylosa, palétuvier introduit à Moorea en 1933. Il est aujourd’hui naturalisé et s’est répandu sur d’autres îles de l’archipel de la Société.

Prairie à *Paspalum vaginatum* à Huahine © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Prairie à Paspalum vaginatum à Huahine © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Les forêts supra-littorales

Dans les atolls, notamment dans l'archipel des Tuamotu, les forêts d’origine étaient dominées par les arbres indigènes Pisonia grandis et Pandanus tectorius. Elles sont aujourd’hui largement dégradées, remplacées par des cocoteraies pour l’exploitation du coprah. Ces formations étaient également retrouvées dans les îles hautes à basse altitude ou sur les îlots sableux appelés motus, mais ont quasiment disparu en raison de l'urbanisation du littoral.

Forêt à *Pandanus tectorius* sur l'atoll Morane (Tuamotu) © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Forêt à Pandanus tectorius sur l'atoll Morane (Tuamotu) © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Les forêts humides

Sur les îles hautes d’origine volcanique, les forêts humides dans les vallées et sur les pentes de moyenne altitude sont dominées par le Mara (Neonauclea forsteri), un grand arbre indigène dans les îles de la Société, et le Nahe (Angiopteris evecta), une grande fougère indigène. Les zones au-delà de 900 m d'altitude sont le domaine des forêts de nuages, appelées ainsi en raison de la couverture nuageuse qui les entoure, entrainant une saturation de l’air en eau et une réduction de la lumière qui favorise le développement des mousses et des épiphytes (plantes se servant d’autres plantes comme support). Elles sont particulièrement riches en flore et en faune endémique (en particulier les insectes et les mollusques). On estime qu’en Polynésie française, un tiers des forêts humides d’origine a disparu, surtout dans les zones de basse et moyenne altitude, en raison des incendies, des défrichements pour l'agriculture et l'urbanisation, de l’impact des plantes exotiques envahissantes (dont le petit arbre Miconia calvescens) ou du broutage par des animaux domestiques en divagation(chèvres et cochons notamment).

Forêt humide de fond de vallée de Tahiti © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Forêt humide de fond de vallée de Tahiti © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Les maquis sommitaux

Sur les crêtes et les pics de haute altitude, comme les monts Orohena, Pito Hiti et Aorai de Tahiti, se trouve une végétation arbustive dite subalpine, adaptée aux températures basses des sommets et à la forte insolation. Sa superficie totale n'y dépasse pas 125 hectares.
Cet écosystème est encore en bon état de conservation, car peu dégradé par l’Homme en raison de son inaccessibilité, et parce que les conditions écologiques particulières des hauts-reliefs ne conviennent pas à la plupart des espèces envahissantes. Cependant, ce milieu unique est fortement menacé par les changements climatiques, un réchauffement des températures pourrait conduire à sa disparition.

Végétation subalpine de crêtes à Hiva Oa (Marquises) © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Végétation subalpine de crêtes à Hiva Oa (Marquises) © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Écosystèmes
Vue sur les monts Pihaiateta, Pito Hiti et Orohena, Tahiti, Société © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la recherche de la Polynésie française

Vue sur les monts Pihaiateta, Pito Hiti et Orohena, Tahiti, Société © Jean-Yves H. Meyer - Délégation à la recherche de la Polynésie française

En Polynésie française
40 %

des récifs coralliens sont en diminution

En savoir plus

Un lien indissociable entre nature et culture, mais une biodiversité vulnérable


La nature est au fondement de la culture polynésienne, source de légendes et croyances, d’usages et de coutumes.

La Polynésie française est le territoire comportant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales éteintes ou menacées de toutes les collectivités françaises d’outre-mer. Les espèces terrestres endémiques sont particulièrement vulnérables au risque d’extinction au vu de leur répartition réduite et de leurs faibles effectifs. Plus de 142 plantes sont considérées comme rares, vulnérables ou menacées ; plus de 68 espèces de mollusques sont déjà éteintes et 70 % des oiseaux terrestres endémiques sont menacés.



Du fait du nombre important d’îles et de difficultés d’accès à certaines zones (montagnes, falaises), les inventaires sont nécessairement longs et difficiles à organiser et ils sont encore incomplets pour certains taxons, les insectes par exemple.

Les récifs coralliens et lagons de Polynésie française sont riches et diversifiés. Outre leur rôle écologique, ils ont un intérêt socio-économique vital pour les Polynésiens. Les récifs coralliens de Polynésie française sont globalement en bon état, bien qu’ils souffrent des explosions démographiques de l’étoile de mer corallivore (Acanthaster planci) et d’épisodes de blanchissement de plus en plus intenses et fréquents, probables conséquences du changement climatique global. Ils sont également impactés par le rejet des eaux usées, la sédimentation et les aménagements côtiers, en majorité dans l’archipel de la Société où la densité de population humaine est la plus forte.

Les espèces exotiques envahissantes, une cause majeure de l’appauvrissement de la biodiversité polynésienne

En raison de leur isolement, les écosystèmes de Polynésie française s’avèrent particulièrement vulnérables aux espèces introduites envahissantes.

De nombreuses espèces très invasives sont à l’origine de régressions de populations chez la faune et la flore indigène. Le Miconia (Miconia calvescens), introduit en 1937 dans un jardin botanique à Tahiti, remplace les espèces végétales indigènes et endémiques et entraîne l’appauvrissement des forêts humides des vallées et de montagne jusqu’à 1 300 m d’altitude. Surnommé « le cancer vert », il recouvre désormais deux tiers des forêts de Tahiti et a été introduit dans d’autres îles de la Société et des Marquises. D’autres espèces végétales, comme le Tulipier du Gabon (Spathodea campanulata), sont également préoccupantes en raison de leur expansion.

Comme dans de nombreux milieux insulaires à travers le globe, l’introduction des rats a des conséquences désastreuses pour les écosystèmes, en particulier pour les oiseaux dont les œufs sont prédatés, mais aussi pour la flore indigène, car les rats, en consommant les plantules et les graines, perturbent la régénération naturelle des forêts.
Les chats harets (chats domestiques retournés à l’état sauvage) sont également une menace importante pour la biodiversité des îles de Polynésie française.

Les études récentes montrent une forte prédation sur les oiseaux, dont des espèces endémiques aux Marquises, et les reptiles. D’autres espèces animales introduites, comme les fourmis - Petite fourmi de feu (Wasmannia auropunctata), Grande fourmi folle (Anopolepis gracilipes) etc. - ou des oiseaux - Merle des Moluques (Acridotheres tristis), Bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer), Busard de Gould (Circus approximans), etc. - ont également un fort impact sur la biodiversité terrestre des îles de Polynésie française.

Si des actions sont entreprises pour lutter contre ces espèces dans les îles où elles ont été introduites, il s’agit également d’éviter leur dissémination sur des îles où elles ne sont pas encore présentes, en mettant en place des mesures de biosécurité (chiens détecteurs, inspections, interdiction de déplacer de la terre d’une île à l’autre…). L’introduction d’espèces non-existantes sur le territoire de la Polynésie française est interdite.

Des statuts de protection variés pour les espaces et les espèces

Dès 2002, la Polynésie française a classé l’ensemble de son espace maritime en sanctuaire pour les mammifères marins. C’est également le premier territoire au monde dans lequel toutes les espèces de requin sont protégées. On retrouve ces dispositions dans la liste des espèces protégées du Code de l’Environnement polynésien, qui compte également entre autres les tortues marines, les raies Manta ou encore le corail noir. La pêche de nombreuses espèces, comme la Langouste, la Cigale de mer ou le Bénitier, est réglementée (tailles minimales, périodes et zones de pêche).

Il existe six catégories d’aires protégées selon le Code de l’Environnement polynésien. La création de zones protégées est longue et complexe et n’aboutit pas toujours en raison des conflits d’intérêts entre usagers et de problèmes fonciers (terres en indivision). La dispersion des îles sur une superficie gigantesque et la petite taille de certaines îles et atolls ne facilitent pas les suivis floristiques et faunistiques et la gestion de ces aires protégées.



L’ensemble de la zone économique exclusive de Polynésie française a été déclarée « Grande aire marine gérée » depuis 2018 (catégorie VI du Code de l’Environnement polynésien) sous le nom tahitien de Te Tainui Atea.

De nombreuses écoles de Polynésie française sont impliquées dans des projets d’aires marines éducatives (AME), initiative créée aux Marquises en 2012. Cette démarche pédagogique permet de sensibiliser le jeune public à la connaissance et la préservation du milieu marin, notamment lagonaire et littoral. Fort de son succès, le dispositif a été repris en métropole et dans les autres territoires ultra-marins.

Le rāhui, outil ancestral de gestion des ressources naturelles tombé en désuétude, est repris aujourd’hui pour assurer l’exploitation durable des ressources naturelles marines. À l’instar d’une jachère, le rāhui protège temporairement une zone bien définie et limite ou interdit le prélèvement de ressources naturelles pour assurer sa régénération. Il peut être mis en place simplement entre usagers (pêcheurs), par une municipalité, ou par arrêté ministériel sur la base du Code de l’Environnement.

enjeux
Vallée de la Hébé, île de la Possession, Crozet © Julie Tucoulet
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