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© Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Saint-Martin,
l'île au sel

Saint-Martin
© Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Une île partagée en deux

Située au nord de l’archipel des Petites Antilles, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Saint-Barthélemy, l’île de Saint-Martin/Sint-Marteen est partagée en deux : au nord le territoire français, au sud le territoire néerlandais. Densément peuplée, l’île au climat sec est vallonée, avec des collines de faible altitude et de nombreux étangs littoraux anciennement exploités pour la production de sel. Malgré sa petite taille, l’île possède un patrimoine naturel original, avec de quelques espèce endémiques et sub-endémiques aux îles du Banc d’Anguilla (formation géologique qui regroupe Anguilla, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et leurs îlets).

54
km2
Superficie terrestre
1066
km2
Superficie marine
34 065
habitants en 2018
424
m
point culminant, Pic Paradis

Quelques repères à Saint-Martin

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Lieux emblématiques

© Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
© Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

La Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

La Réserve s’étend au nord-est de l’île. Sa partie marine couvre 2 796 hectares, permettant de protéger d’importants herbiers de phanérogames marines et de nombreuses formations coralliennes qui abritent une grande diversité d’espèces : mollusques, échinodermes, poissons, etc. La pêche y est interdite. La partie terrestre de 164 hectares couvre plusieurs iles et ilets, dont la partie littorale de Tintamarre et Pinel. Plus de 90 espèces d’oiseaux fréquentent la réserve pour nicher ou s’alimenter.

Vue aérienne de l'îlet Tintamarre © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Vue aérienne de l'îlet Tintamarre © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

L’îlet Tintamarre

Inhabité, l’îlet est recouvert aux deux tiers par une forêt sèche, le reste étant composé d’une savane herbacée ou de taillis assez impénétrables. De nombreux oiseaux tels que le Grand Paille-en-queue (Phaethon aethereus) ou le Noddi brun (Anous stolidus) nichent sur l’ilet. C’est également un haut lieu de ponte des tortues marines (tortues vertes et imbriquées). Des bouées de mouillage permettent d’éviter de dégrader les fonds marins lors de l’accès en bateau.

Vue sur l'îlet Pinel depuis Saint-Martin © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Vue sur l'îlet Pinel depuis Saint-Martin © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

L'îlet Pinel

Également recouvert par une savane sèche avec quelques bosquets d'épineux, l’ilet est situé à seulement une centaine de mètres de la côte, ce qui en fait un lieu très touristique. En raison de la forte présence humaine, les oiseaux marins présents sur l’îlet n’y nichent pas, mais préfèrent l’ilet voisin, Petite Clef, interdit au débarquement.

Partie littorale du massif de Red Rock © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Partie littorale du massif de Red Rock © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le massif de Red Rock

Situé dans la partie nord-est de Saint-Martin, Red Rock est l’un des derniers massifs boisés encore préservé de l’île. On y trouve différents types de milieux : forêt sèche, savanes, fourrés secs, zones humides, falaises bordés par des plages de sables et de galets. Plus de 180 espèces végétales y ont été recensées, dont 2 endémiques.

Étang de la Pointe des Froussards © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Étang de la Pointe des Froussards © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Les étangs

L’île compte de nombreux étangs littoraux d’eau saumâtre, certains bordés par des mangroves. Historiquement exploités pour la production de sel, ils sont d’une grande importance pour l’avifaune mais également pour leur rôle d’épuration de l’eau et de régulation des flux hydriques. La plupart sont protégés (par arrêté de biotope, classement en site Ramsar ou acquis par le Conservatoire du littoral, et 2 sont inclus dans la Réserve naturelle nationale), mais ils restent fortement anthropisés et soumis à de nombreuses pressions : remblais, déversements de déchets, rejets d’eaux non traitées, défrichement de la mangrove.

À Saint-Martin
11
espèces sur les 100 considérées comme les plus envahissantes au monde sont présentes sur le territoire
En savoir plus
Gaïac © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Gaïac © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le Gaïac

Le Gaïac (Guaiacum officinale) est un arbre endémique des Petites Antilles pouvant atteindre une douzaine de mètres de haut et dont les branches fourchues forment un couvert dense. Sa floraison et sa fructification sont colorées : il produit de belles fleurs bleues, ses fruits sont oranges et les graines sont enrobées d’une enveloppe rouge vif. On lui prête des vertus médicinales qui lui valent également le nom de « bois de vie ». Autrefois répandu, il est aujourd’hui menacé de disparition car son bois a été surexploité pour de nombreux usages (construction navale, meubles, bijoux, parfums, etc.) et sa croissance est très lente. Il est protégé à Saint-Martin.

Statut sur la Liste rouge mondiale : en danger

Raisinier bord-de-mer © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Raisinier bord-de-mer © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le Raisinier bord-de-mer

Le Raisinier bord-de-mer (Coccoloba uvifera) est une plante arbustive que l’on trouve en bordure du rivage, qui peut atteindre 8 mètres de haut. Très résistant au sel et aux embruns, il possède des racines profondes qui retiennent le sable et limitent l’érosion du littoral. Il doit son nom de raisinier à ses fruits rappelant les grappes de raisin, qui peuvent être consommés crus ou utilisés dans des préparations.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure

Cactus tête à l'anglais © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Cactus tête à l'anglais © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le Cactus tête à l’anglais

Le Cactus tête à l’anglais (Melocactus intortus) est un petit cactus qui doit son nom au cephalium (structure pileuse dressée) rougeâtre qui se développe au sommet de la plante à maturité, et qui porte les fleurs et les fruits. Répandu dans plusieurs îles de la Caraïbe, ce cactus est néanmoins en déclin et il est protégé à Saint-Martin. Les prélèvements ne sont pas autorisés car ils mettent en danger l’espèce, déjà fragilisée par la consommation par les animaux domestiques divagant (ânes et chèvres), ainsi que par les chenilles du lépidoptère Cactoblastis cactorum, introduites dans la Caraïbe pour réguler les populations de cactacées du genre Opuntia, également introduites.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure

Scinque d'Anguilla © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Scinque d'Anguilla © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le Scinque d’Anguilla

Le Scinque d’Anguilla (Spondylurus powelli) est un petit reptile dont la présence a été découverte en 2013 sur l’îlet Tintamarre. Endémique de la région, il était jusqu’alors considéré présent uniquement à Anguilla et Saint-Barthélemy. Ses découvreurs ont d’abord cru avoir retrouvé le Scinque de Saint-Martin (Spondylurus martinae) considéré éteint, avant que des analyses ADN viennent réfuter cette hypothèse. La population est estimée à quelques dizaines d’individus, elle est donc très vulnérable, en particulier face aux prédateurs introduits. Si le rat noir (Rattus rattus) est malheureusement déjà présent, l’introduction de la petite mangouste indienne (Urva auropunctata) depuis Saint-Martin sur l’ilet Tintamarre doit absolument être évitée.

Statut sur la Liste rouge mondiale : en danger

Baleine à bosse © Steeve Ruillet - RNN Saint-Martin
Baleine à bosse © Steeve Ruillet - RNN Saint-Martin

La Baleine à bosse

Neuf espèces de mammifères marins sont observables dans les eaux de Saint-Martin, dont la Baleine à bosse (Megaptera novaeangliae). Mesurant entre 11 et 18 m de long, ce grand cétacé est reconnaissable à la bosse à l’avant de son aileron dorsal. Grandes migratrices, les baleines à bosse se nourrissent en été dans les mers froides et remontent ensuite vers les eaux chaudes pour se reproduire. Elles sont présentes autour de Saint-Martin de janvier à mai, et la zone est le point de rencontre de deux sous-populations : celle fréquentant les Grandes Antilles et celle des Petites Antilles. Afin de ne pas perturber les mammifères marins lors d’observation en mer, il est important de respecter la règlementation, dont une distance d’approche minimale de 300 m, ou de faire appel à des professionnels formés.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure

Tortue imbriquée © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin
Tortue imbriquée © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin

Les tortues marines

Parmi les 5 espèces fréquentant les eaux de Saint-Martin, trois espèces de tortues marines (verte, imbriquée et Luth) viennent pondre sur le littoral et plus particulièrement sur les grandes plages de la côte orientale et les îlets. Entre 150 et 300 traces de pontes sont observées chaque année, les pontes de Tortue verte étant les plus nombreuses. Toutes les espèces de tortues marines sont protégées, elles restent cependant victimes de collisions avec les bateaux, de prises accidentelles dans les filets et des déchets plastiques.

Statut sur la Liste rouge mondiale : Tortue verte (Chelonia mydas) : en danger Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) : en danger critique Tortue Luth (Dermochelys coriacea) : vulnérable

Mérou de Nassau © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin
Mérou de Nassau © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin

Le Mérou de Nassau

Le Mérou de Nassau (Epinephelus striatus) est un grand poisson de récifs reconnaissable à sa robe rayée, alternance de bandes irrégulières claires et brunes. Il peut atteindre plus d’un mètre de long et un poids de 25 kg. Autrefois abondant dans toute la Caraïbe, il est victime de pêche intensive et de la dégradation des habitats côtiers, et il est aujourd’hui considéré en danger critique d’extinction. A Saint-Martin, il fait l’objet du programme de conservation Life Biodiv’OM. Des études sont menées afin de mieux comprendre son développement et des actions sont mises en place pour renforcer les populations. La pêche de loisir du Mérou de Nassau, ainsi que du Mérou Géant (Epinephelus itajara), également vulnérable, est interdite à Saint-Martin.

Statut sur la Liste rouge mondiale : en danger critique

Noddi brun © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Noddi brun © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

Le Noddi brun

Le Noddi brun (Anous stolidus) est un oiseau marin présentant, comme son nom l’indique, un plumage brun, avec le bout des ailes et la queue plus sombre et une coloration gris clair sur la tête. Il se nourrit de petits poissons et de calmars qu’il pêche en vol, juste au-dessus de la surface de l’eau. Largement répandu à travers les régions tropicales du globe, il ne niche à Saint-Martin que sur l’ilet Tintamarre et les falaises de Terres Basses. Le Noddi brun est protégé à Saint-Martin, et il est important de ne pas déranger les couples nicheurs pour ne pas faire échouer les couvées.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure

Solenoptère de Chalumeau © Eddy Poirier - INPN
Solenoptère de Chalumeau © Eddy Poirier - INPN

Le Solenoptère de Chalumeau

Le Solenoptère de Chalumeau (Solenoptera chalumeaui) est un coléoptère endémique de Saint-Martin. De couleur brune, il est couvert de soies grisâtres et peut mesurer jusqu’à 3 cm de long. Il se trouve uniquement autour du Pic Paradis, et cette répartition extrêmement limitée rend l’espèce particulièrement vulnérable, notamment à la dégradation de son habitat. Il est protégé intégralement depuis janvier 2020 : toute destruction ou perturbation intentionnelle des spécimens est interdite, ainsi que l’altération ou la dégradation de son habitat.

Statut sur la Liste rouge mondiale : non évalué

Histoire naturelle & temps forts

-3000 ans

Premières traces d’occupation humaine de l’île

1493

Christophe Colomb accoste sur l’île et la nomme Saint-Martin

1648

Partage de l’île entre la France et la Hollande (Traité du Mont des Accords)

1839

Nouvelle convention franco-hollandaise qui réaffirme le précédent traité, après plusieurs occupations britanniques de l’île

1848

Création des salines de Grand-Case pour l’exploitation du sel

1995

Passage de l’ouragan Luis, l’un des plus puissants du XXe siècle

2007

Saint-Martin, auparavant liée à la Guadeloupe, devient une Collectivité d’outre-mer

2009

Démarrage du suivi participatif des pontes des tortues marines

2010

Création du Sanctuaire AGOA pour la protection des mammifères marins, qui s’étend sur toutes les Petites Antilles

2013

Premier inventaire faunistique sous-marin des échinodermes, crustacés et mollusques de la Réserve naturelle nationale

2014

Première campagne du programme MegaRA (étude des mammifères marins dans les Iles du Nord des Petites Antilles)

2017

Passage de l'ouragan Irma, le plus puissant jamais recensé dans la zone

2019

Lancement du programme LIFE BIODIV’OM

Les récifs coralliens

Les récifs coralliens sont peu développés autour de Saint-Martin, en raison de la nature sableuse des fonds dans les eaux peu profondes, qui favorisent la présence d'herbiers sous-marins. Leur présence est limitée à la zone nord-est de l’île. Il est également possible que cette couverture plus réduite que dans les autres îles de l’arc des Petites Antilles soit due au passage plus fréquent des ouragans. Malgré leur petite taille, les colonies coralliennes abritent de nombreuses espèces (poissons, invertébrés,...) mais elles ont été fragilisées par un épisode de blanchissement massif entre 2005 et 2006.

Récifs coralliens © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin
Récifs coralliens © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin

Les herbiers sous-marins

Contrairement aux récifs coralliens, les herbiers sous-marins couvrent de grandes étendues à Saint-Martin. Leur superficie est estimée à 61,5 km2 autour de l’ensemble de l’île. On y trouve 5 espèces de magnoliophytes marines, dont l’Herbe à tortue (Thalassia testudinum) et l’Herbe à lamentin (Syringodium filiforme). On y trouve également l’espèce exotique Halophila stipulaceae, en expansion dans la Caraïbe bien que son système racinaire moins profond que les autres espèces semble la rendre plus sensible aux évènements climatiques. Ces herbiers, comme les fonds coralliens, abritent de nombreuses espèces d'invertébrés (étoiles de mer, oursins, langoustes, lambis...) et de poissons (mérou, chirurgien, perroquet, barracuda...). Ils sont la zone d’alimentation privilégiée des tortues vertes et autrefois du Lamentin (Trichechus manatus), aujourd’hui disparu des eaux des Antilles françaises, et dont le dernier représentant en milieu naturel dans la région avait été photographié à Saint-Martin.

Requins nourrices (*Ginglymostoma  cirratum*) sur un herbier © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin
Requins nourrices (Ginglymostoma cirratum) sur un herbier © Julien Chalifour - RNN Saint-Martin

Les mangroves

Peu étendues et clairsemée, les mangroves de Saint-Martin se limitent aux berges de certains étangs côtiers et couvrent 35 hectares au total. Elles sont formées de 4 espèces de palétuviers : Rhizophora mangle, Laguncularia racemosa, Conocarpus erectus et Avicennia germinans. Leur superficie a drastiquement diminué au cours des dernières décennies à cause des défrichements et remblais au profil de l’urbanisation. Elles restent des écosystèmes importants pour l’épuration des eaux et la nidification des oiseaux. La mangrove de l’étang du cimetière de Grand Case abrite par exemple la seule colonie nicheuse de Grande Aigrette (Ardea alba) des Antilles françaises.

Mangrove autour de l'Étang aux poissons © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Mangrove autour de l'Étang aux poissons © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin

La forêt sèche littorale

La forêt littorale est caractérisée par des espèces xérophiles, c’est-à-dire vivant dans des milieux pauvres en eau. On y trouve par exemple l'Herbe pérenne (Cyperus planifolius), le Ti-baume blanc (Lantana involucrata) ou le Frangipanier blanc (Plumieria alba). Dans les secteurs les plus secs, on trouve l'Acacia bord de mer (Acacia tortuosa) et des cactées comme le Cactus cierge (Pilosocereus royenii) ou le fameux Cactus tête à l'anglais (Melocactus intortus).

Forêt sèche littorale © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Forêt sèche littorale © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Étang de la Pointe des Froussards © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
Étang de la Pointe des Froussards © Réserve naturelle nationale de Saint-Martin
À Saint-Martin
33 %
des récifs coralliens sont en diminution
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Une île soumise à une forte pression anthropique

La population de Saint-Martin est très dense (608 hab/km2), et l’expansion de l’urbanisation est une menace pour les milieux naturels de l’île. Le tourisme, pilier économique de Saint-Martin, entraine en particulier une forte artificialisation des littoraux et une dégradation des milieux marins, notamment par le rejet d’eaux usées non traitées. L’impact des activités nautiques de plaisance, nombreuses, n’a pour le moment pas fait l’objet d’évaluations.

Ouragans et changements climatiques

Du fait de sa location au nord des Petites Antilles, Saint-Martin est naturellement exposée au risque cyclonique. Plusieurs ouragans majeurs et particulièrement puissant ont eu lieu ces dernières décennies : Luis (1995), Lenny (1999), Gonzalo (2014) et Irma (2017), ce dernier étant le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique nord. Il est fortement probable que la fréquence et la puissance des ouragans soient augmentées par les changements climatiques.

Si l'ouragan Irma a eu un impact majeur à terre, renforcé par l’anthropisation des côtes et un bâti n’intégrant pas toujours les contraintes para-cycloniques, les fonds marins côtiers ont quant à eux particulièrement souffert de l’après-Irma. La destruction de l’ensemble du réseau d’assainissement collectif et individuel a conduit à des rejets bruts en milieux naturels, principalement en mer, pendant plusieurs mois. Les houles cycloniques ont également été à l’origine d’importants mouvements de sédiments, conduisant à la persistance d’eaux turbides et au relargage de matière organique.

Les impacts des espèces exotiques envahissantes

Comme dans de nombreux milieux insulaires aux ressources limitées, et favorable à l’émergence d’endémisme, les espèces exotiques envahissantes représentent des menaces majeures pour la biodiversité.

Parmi les espèces animales les plus préoccupantes se trouvent le Rat noir (Rattus rattus) et la Petite mangouste indienne (Urva auropunctata), prédateurs d’oiseaux et de reptiles. Côté flore, la Liane corail (Antigonon leptopus) et le Faux-mimosa (Leucaena leucocephala) entrent en compétition avec les espèces indigènes. Saint-Martin abrite également d’importantes populations d’Iguane commun (Iguana iguana) et de Singe vert ou vervet (Chlorocebus sabaeus), responsables d’une pression supplémentaire non-négligeable au lendemain d’Irma. Certains arbres et certaines plantes ayant survécu à l’impact des vents violents, des projectiles et des submersions marines, n’ont pas été en mesure de survivre en phase post-cyclonique en raison de l’impact de ces deux espèces.

En milieux marins, deux espèces exotiques sont particulièrement préoccupantes. Le Poisson-lion (Pterois volitans) est un prédateur vorace introduit depuis la Floride au début des années 1990 et dont l’aire de répartition s’est étendue progressivement à l’ensemble de la Caraïbe. Il a été observé pour la première fois à Saint-Martin en juillet 2010 et est désormais bien présent au sein des eaux de l’île, qui n'abritent que peu de prédateurs naturels potentiels. Halophila stipulaceae, une espèce de phanérogame marine envahissant les eaux côtières où elle remplace les espèces des herbiers indigènes, et qui colonise aussi des fonds sédimentaires nus, est désormais également largement répandue.

Pour limiter les impacts des espèces exotiques envahissantes, une règlementation mise en place depuis le 30 novembre 2020 interdit l’introduction, la détention et le transport d’une liste d’espèces considérées à risque sur le territoire.

Une coopération régionale indispensable

L’île étant partagée entre deux pays, et proche des îles voisines d’Anguilla et de Saint-Barthélemy, la coopération régionale est indispensable pour répondre aux enjeux communs. Des approches communes homogénéisées sont déployées pour suivre et documenter l’évolution de l’état de santé des peuplements marins et terrestres. Des échanges techniques et collaborations sont développées en matière de gestion et de communication, mais ces initiatives se heurtent aux réglementations différentes existant au sein de chaque territoire.

Saint-Martin est inclue dans le Sanctuaire Agoa, voué à la préservation des populations de mammifères marins, qui regroupe l’ensemble des eaux des Antilles françaises. La Réserve naturelle nationale est chargée des principales études et suivis de la biodiversité sur l’île et dans ses eaux. La création d’un Institut Caribéen de la Biodiversité Insulaire (ICBI) est en cours. Le projet regroupe un centre de recherche, d’écotourisme et de mise en valeur de la conservation de la biodiversité locale (musée et jardins) et un centre de soin pour la faune sauvage blessée.

© Tristan Berr - IRD Nouméa
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