Cartographie Terre Adélie

Manchots Adélie © Terres australes et antarctiques françaises

La Terre Adélie,
désert de glace

Terre Adélie
Manchots Adélie © Terres australes et antarctiques françaises

L'Antarctique, un sanctuaire dédié à la recherche et à la paix

Froid polaire, blizzards, longue nuit polaire, en Terre Adélie, secteur angulaire de l'Antarctique, les conditions de vie sont extrêmes et peu d’espèces sont capables de les supporter ! Le territoire est difficilement accessible : à partir du mois de mars, la mer qui borde le continent Antarctique se couvre d’une pellicule de glace qui s’épaissit pour atteindre un à deux mètres durant l’hiver, rendant la navigation et l’accès impossible. Le retour de l’été entraîne la débâcle de cette glace qui se fragmente en plaques partant à la dérive.

L’Antarctique dispose d’un régime juridique unique basé sur le Traité sur l’Antarctique signé à Washington en 1959, qui pose le principe du gel de toute revendication territoriale, terrestre ou maritime. La France y fait figure d’« État possessionné ». Ce traité est complété par le Protocole relatif à la protection de l'environnement en Antarctique (Protocole de Madrid), qui fait depuis 1991 de l’Antarctique une « réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». La militarisation et l’exploitation des ressources minérales ne sont pas tolérées dans la zone du Traité.

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432 000
km2
Superficie terrestre
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Superficie marine
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habitants permanents

1 300

m
point culminant, non nommé

Quelques repères en Terre Adélie

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Cartographie Terre Adélie

Les bases scientifiques

Base Dumont d'Urville © TAAF

Base Dumont d'Urville © TAAF

La base Dumont d’Urville

Située sur l’île des Pétrels, dans l'archipel de Pointe Géologie à 5 km du continent Antarctique, la base héberge une trentaine de personnes (scientifiques et personnel de maintenance) pendant l’hivernage (de mars à novembre), et jusqu’à 88 pendant l’été. Pendant l’hiver austral, les hivernants sont coupés du monde car l’accès n’est possible ni par bateau, ni par voie aérienne. Construite en 1956, la base est opérationnellement gérée par l’Institut polaire français (IPEV).

Cap Prud'homme © Matthieu Weber

Cap Prud'homme © Matthieu Weber

Cap Prud’Homme

Située à quelques kilomètres de la station Dumont d’Urville, cette base secondaire est occupée uniquement pendant l’été austral. Elle est dédiée à l’organisation des convois terrestres à destination de Concordia, une base franco-italienne implantée à plus de 1 100 km à l’intérieur des terres, sur le secteur angulaire australien.

Port Martin © Fonds Yves Vallette

Port Martin © Fonds Yves Vallette

Port Martin

A 60 km de la base Dumont d’Urville se trouvent les vestiges de la base de Port Martin, première station française en Antarctique. Installée en 1950, la base a accueilli les missions scientifiques françaises jusqu’à son incendie accidentel dans la nuit du 23 au 24 janvier 1952. Les vestiges de la base sont placés sous un statut de protection particulier en vue de préserver le patrimoine culturel et historique qui s’y trouve.

Lieux d'intérêt
*Oceanites oceanicus* © TAAF

Oceanites oceanicus © TAAF

Les autres oiseaux marins nicheurs

Les manchots ne sont pas les seuls à nicher en Terre Adélie : au total 8 espèces d’oiseaux marins se reproduisent sur l’archipel de Pointe Géologie. Outre le Manchot empereur et le Manchot d’Adélie, il s’agit du Pétrel géant antarctique (Macronectes giganteus), du Pétrel des neiges (Pagodroma nivea), du Damier du Cap (Daption capense) du Skua antarctique (Stercorarius maccormicki), de l’Océanite de Wilson (Oceanites oceanicus) et du Fulmar antarctique (Fulmarus glacialoides). Les individus sont souvent fidèles à leur site de nidification d’une année sur l’autre. Ils nichent au printemps austral sur les falaises et pentes abruptes ou dans des cavités de la roche. Les effectifs sont variables selon les espèces : d’une quinzaine de couples pour le Pétrel géants à environ 1 500 couples pour l’Océanite de Wilson. D’autres oiseaux visiteurs sont parfois observées.

Statut sur la Liste rouge des oiseaux de Terre Adélie : Pétrel géant : en danger critique Fulmar antarctique : vulnérable Skua : vulnérable Damier du cap : vulnérable Pétrel des neiges : préoccupation mineure Océanite de Wilson : données insuffisantes

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure (pour les 6 espèces).

*Pygoscelis adeliae* © Grant C.

Pygoscelis adeliae © Grant C.

Le Manchot Adélie

Le Manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) est plus petit et plus léger que son cousin empereur. Il s’en distingue également par l’absence de tache auriculaire jaune, et plonge beaucoup moins profond pour sa recherche de nourriture (entre 20 et 30 m de profondeur maximum). La Terre Adélie compterait autour de 175 000 couples reproducteurs, soit 4,6 % de la population mondiale.

Statut sur la Liste rouge des oiseaux de Terre Adélie et sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

*Leptonychotes weddellii* © Bruno Marie

Leptonychotes weddellii © Bruno Marie

Le Phoque de Weddell

Le Phoque de Weddell (Leptonychotes weddellii) partage son temps entre la recherche de nourriture (poissons, calamars…) dans l’eau et le repos sur la banquise antarctique. Les femelles mettent bas sur la glace entre début octobre et mi-novembre. En mer, il est vulnérable face au léopard de mer et à l’orque.

Statut sur la Liste rouge des mammifères de Terre Adélie et sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

*Euphausia superba* © Uwe Kils

Euphausia superba © Uwe Kils

Le krill

Le krill désigne un ensemble de nombreuses espèces de crustacés d’eaux froides dont l’espèce la plus fréquente, l’Euphausia superba, ressemble à une crevette. Au cœur du réseau alimentaire, le krill se nourrit de plancton, abondant dans les eaux polaires, et sert ensuite de nourriture de base aux poissons, baleines, phoques et oiseaux. Le krill représente sans doute la biomasse la plus abondante de la planète, estimée à plusieurs centaines de millions de tonnes.

Statut sur la Liste rouge mondiale pour Euphausia superba : préoccupation mineure.

*Aptenodytes forsteri* © Nelly Gravier - TAAF

Aptenodytes forsteri © Nelly Gravier - TAAF

Le Manchot empereur

Le Manchot empereur (Aptenodytes forsteri) est l’espèce emblématique de l’Antarctique. La colonie de l’archipel de Pointe Géologie en Terre Adélie compte près de 4 000 couples reproducteurs, soit environ 1,3 % des effectifs mondiaux. Oiseau de l’extrême, le manchot empereur peut plonger jusqu’à 500 m de profondeur, parcourir d’importantes distances en marchant sur la glace, jeuner pendant plus de 100 jours et résister à des températures de -60°C. Contrairement aux autres espèces de la zone, il se reproduit durant l’hiver austral. Le manchot mâle couve l’œuf seul. Après la ponte, la femelle lui transfère l’œuf lors d’une opération délicate et il le gardera sur ses pattes, protégé par un épais repli de peau, pendant que la femelle regagne l’océan pour se nourrir, parfois à plus de 100 km. Par la suite, les parents partent chercher leur nourriture en mer à tour de rôle, l'un d'entre eux restant avec leur oisillon dans la colonie.

Statut sur la Liste rouge des oiseaux de Terre Adélie : vulnérable. Statut sur la Liste rouge mondiale : quasi-menacé.

espèces

Histoire naturelle & temps forts

19e siècle

Premières expéditions atteignant le continent blanc

21 janvier 1840

Débarquement de Jules Dumont d’Urville sur le Rocher du Débarquement, qu’il baptise « Terre Adélie »

1950

Création de la première base scientifique française, Port-Martin, détruite par un incendie deux ans plus tard

1956

Création de la base Dumont d’Urville sur l'île des Pétrels

1959

Signature du Traité sur l'Antarctique qui gèle les revendications territoriales et affirme la recherche scientifique comme seul objectif

1980

Signature de la Convention sur la conservation de la faune et la flore marine de l'Antarctique

1991

Signature du Protocole au Traité de l'Antarctique, relatif à la protection de l'environnement en Antarctique (Protocole de Madrid)

1998

Ratification du Protocole de Madrid par la France

2016

Création d'une aire marine protégée internationale sur la mer de Ross. La France défend aujourd’hui la création d’une vaste aire marine protégée en Antarctique Est bordant notamment de la Terre Adélie.

2017

Mise en service de L’Astrolabe, nouveau brise-glace qui assure le ravitaillement de la base Dumont d’Urville depuis l’Australie

Vue sur les glaces de l'océan Austral depuis l'Astrolabe © P. Piriou - TAAF-IPEV-MN

Vue sur les glaces de l'océan Austral depuis l'Astrolabe © P. Piriou - TAAF-IPEV-MN

Des espèces adaptées aux conditions de vie polaires

Le continent Antarctique est à lui seul l’une des huit écozones de la planète (régions biogéographiques terrestres). Seuls quelques espèces d’oiseaux vivent sur les terres glacées de l’Antarctique et sur les 9 espèces d’oiseaux marins nichant en Antarctique, 8 sont présentes en nidification sur l’archipel de Pointe Géologie, où est installée la Base Dumont d’Urville.

Malgré les conditions extrêmes, les eaux glacées de l’océan Austral qui bordent le continent blanc sont pleines de vie. Très riches en krill et en zooplancton, elles accueillent plusieurs espèces de mammifères marins qui viennent s’y nourrir. On y trouve également quelques dizaines d’espèces de poissons et de nombreuses espèces d’invertébrés : mollusques, étoiles de mer et oursins, cnidaires, etc.

Le réchauffement climatique est une grande menace pour les colonies d’oiseaux antarctiques et les mammifères marins. La fonte des glaces, les modifications de température et de salinité de l’océan Austral bouleversent l’écosystème entrainant notamment une diminution du plancton et du krill, premiers maillons de la chaîne alimentaire. La plupart des colonies d’oiseaux ont déjà diminué et les scientifiques prédisent un déclin catastrophique d’ici la fin du siècle.

Un territoire dédié à la recherche

Une trentaine de projets scientifiques sont menés en Terre Adélie chaque année, principalement en sciences de la Vie et de l’Environnement (stratégies de survie des organismes et adaptation des espèces aux conditions extrêmes, effets des changements climatiques…), en sciences de la Terre et de l’Univers (glaciologie, étude de l’atmosphère, géologie, physique du globe…), mais aussi en sciences humaines (biologie humaine et adaptation aux conditions d’hivernage). Ces expéditions sont orchestrées par l’Institut Polaire Français.

Le traitement des déchets issus des bases scientifiques est une préoccupation importante pour limiter l’impact de la présence humaine sur le continent Antarctique. Un travail de réduction des volumes de déchets a été entrepris, ainsi que la mise au point de procédures de tri et de stockage. Les déchets sont ensuite rapatriés en Australie, voire en France pour certaines catégories de produits.

Pour en savoir plus, visitez le site des Terres australes et antarctiques françaises et consultez le livret d'identification de la faune de la Terre Adélie.

enjeux
Couple de fous à pieds rouges © Nelly Gravier - TAAF
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