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Vue sur Alofi depuis Futuna © Tristan Berr

Wallis-et-Futuna,
un archipel au cœur du Pacifique

Wallis-et-Futuna
Vue sur Alofi depuis Futuna © Tristan Berr

Du lagon de Wallis aux forêts d'Alofi

A l’est de la Nouvelle-Calédonie, trois îles aux profils très différents composent le territoire français le plus éloigné de la métropole : l’archipel de Wallis-et-Futuna. L’île de Wallis, aussi appelée 'Uvea, est entourée par un vaste lagon et des îlots coralliens et concentre les 2/3 de la population. A 230 km à l’ouest se trouvent les îles Horn séparées par un détroit : Futuna, au relief escarpé, et Alofi, quasiment non-habitée et encore largement recouverte de forêt primaire. La connaissance de la biodiversité de l’archipel est encore assez incomplète mais a beaucoup progressé ces dernières années.

142
km2
Superficie terrestre
262 500
km2
Superficie marine
11 558
habitants en 2018
524
m
point culminant, Mont Puke (Futuna)

Quelques repères à Wallis-et-Futuna

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Lieux emblématiques

Lac Lalolalo © Enelio Liufau
Lac Lalolalo © Enelio Liufau

Le lac Lalolalo

Le plus grand et le plus profond des cinq lacs de Wallis est issu de l’effondrement d’une ancienne caldeira. Il s’étend sur 400 m de diamètre et 80 m de profondeur et est entouré de parois verticales de plus de 30 m de hauteur. La forêt aux abords du lac, qui abrite de nombreux oiseaux et des roussettes, était autrefois protégée par un Vao Tapu, c’est-à-dire considérée comme taboue ou sacrée.

Rivière de Futuna © Jairo Talalua
Rivière de Futuna © Jairo Talalua

Les rivières de Futuna

Au contraire de Wallis qui n’en possède aucune, le relief de Futuna est parcouru de plusieurs rivières qui abritent une faune d’eau douce dont plusieurs espèces de gobies endémiques, et sont pour le moment exemptes de poissons introduits.

Lagon et îlots au nord de Wallis © Tristan Berr
Lagon et îlots au nord de Wallis © Tristan Berr

Le lagon de Wallis

Sur plus de 200 km2 s’étend un ensemble varié et très riche de formations récifales et d’herbiers sous-marins, ainsi que 19 îlots boisés où se reproduisent des tortues marines et de nombreuses espèces d’oiseaux marins. La barrière récifale est interrompue par quatre passes : trois à l’ouest et une au sud.

Alofi © Jean-Yves Hiro Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Alofi © Jean-Yves Hiro Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Alofi

La plus petite île du groupe n’est habitée à l’année que par une seule personne mais fréquentée quasiment quotidiennement par les agriculteurs de Futuna. D’origine corallienne, elle est majoritairement recouverte par une forêt relativement bien conservée, malgré un défrichement de plus en plus important pour les cultures et le bois de construction.

À Wallis-et-Futuna
26
espèces sur les 100 considérées comme les plus envahissantes au monde sont présentes sur le territoire
En savoir plus
*Heliotropium foertherianum* © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Heliotropium foertherianum © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Le faux-tabac

Le faux-tabac (Heliotropium foertherianum) est un petit arbre indigène, présent dans de nombreuses îles du Pacifique sud, très commun en forêt littorale. Ses feuilles sont utilisées en médecine traditionnelle pour traiter les effets de la ciguatera, intoxication alimentaire induite par la consommation de poissons contaminés par une toxine produite par des micro-algues.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

Noms locaux : tauhuni, sinu (futunien)

Dessin d'*Alopecoenas stairi* © J. Wolf
Dessin d'Alopecoenas stairi © J. Wolf

La Gallicolombe de Stair

La Gallicolombe de Stair (Alopecoenas stairi) est un oiseau de la famille des Colombidés, que l’on trouve également à Tonga, Fidji et aux Samoa. Si historiquement, l’espèce était probablement présente à Wallis et à Futuna, elle n’est attestée qu’à Alofi et les derniers signalements datent des années 1980. Les missions ornithologiques récentes n’ont pas permis de trouver de traces d’individus, il est donc fort possible que cette espèce soit désormais éteinte dans l’archipel, probablement victime des modifications de son habitat et de la prédation par les rats et les chiens errants.

Statut sur la Liste rouge mondiale : vulnérable.

*Rhizophora samoensis* © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Rhizophora samoensis © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Les palétuviers

Deux espèces de palétuvier sont présentes dans les mangroves de Wallis. L'espèce la plus commune, Rhizophora samoensis, présente des racines en échasses tandis que la seconde espèce, Bruguiera gymnorhiza, possède des racines coudées émergeant du sol, appelées pneumatophores. L'écorce sombre de cette dernière, riche en tanins, est utilisée en artisanat pour teindre les tissus.

Statut sur la liste rouge mondiale : Rhizophora samoensis : quasi-menacée. Bruguiera gymnorhiza : préoccupation mineure.

Noms locaux : Bruguiera gymnorhiza : togo, tongo (futunien, wallisien)

*Cyrtandra futunae* © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Cyrtandra futunae © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Le Suka

Le Suka (Cyrtandra futunae) est l’une des 7 espèces végétales endémiques de l’archipel. Arbuste de sous-bois et de lisière de forêts humides, il présente des grandes feuilles simples à marge denticulées et de nombreuses petites fleurs blanches. Considéré comme peu commun à Futuna et rare à Alofi, il n’est pas présent à Wallis.

Statut sur la liste rouge mondiale : non évalué.

*Pteropus tonganus* © Tristan Berr
Pteropus tonganus © Tristan Berr

La Roussette du Pacifique

La Roussette du Pacifique (Pteropus tonganus) est une espèce de chauve-souris commune sur les trois îles. Elle joue un rôle clef dans la dissémination des gros fruits charnus de végétaux indigènes et donc dans la dynamique forestière. Si l’espèce n’est pas considérée comme menacée dans l'archipel, la pression de chasse sur les roussettes peut être importante.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

Fruits d'*Aglaia samoaensis* © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Fruits d'Aglaia samoaensis © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Les langakali

Ce terme peut désigner deux espèces d'arbres du genre Aglaia : A. samoaensis et A. saltatorum. Leurs fleurs sont utilisées traditionnellement pour réaliser des colliers et parfumer l’huile de coco. Leur écorce est également utilisée dans la médecine traditionnelle. A. samoaensis, indigène, est présente sur les trois îles bien que rare, tandis que A. saltatorum a probablement été introduite sur Futuna et Wallis, où elle est commune car cultivée.

Statut sur la Liste rouge mondiale : A. samoaensis : quasi menacé ; A. saltatorum : vulnérable.

Noms locaux : A. samoaensis : langakali (wallisien, futunien) ; A. saltatorum : langakali uto, uto (futunien), polo uto (wallisien).

*Smilosicyopus sasali* © P. Keith
Smilosicyopus sasali © P. Keith

Les gobies d'eau douce

Quatre espèces de gobies d’eau douce endémiques de Futuna ont été récemment découvertes et décrites :Stenogobius keletaona, Smilosicyopus sasali, Akihito futuna et Stiphodon rubromaculatus. Ces petits poissons vivent principalement au fond des cours d’eau où ils se collent au substrat grâce à leurs nageoires pelviennes leur servant de ventouse. Chaque espèce ne se retrouve que dans une ou deux rivières de Futuna.

Statut sur la Liste rouge mondiale : Stenogobius keletaona : vulnérable. Smilosicyopus sasali : en danger. Akihito futuna : en danger critique. Stiphodon rubromaculatus : en danger critique.

*Candoia bibroni* © Enelio Liufau
Candoia bibroni © Enelio Liufau

Le Boa du Pacifique

L’archipel compterait environ une quinzaine de reptiles indigènes, en majorité des lézards, mais un serpent indigène, le Boa du Pacifique (Candoia bibroni), est présent sur Alofi.

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

*Broussonetia papyrifera* © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Broussonetia papyrifera © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

Le mûrier à papier

Le mûrier à papier, (Broussonetia papyrifera), est un arbuste originaire d'Asie du Sud-Est introduit dans de nombreuses îles du Pacifique. Son écorce est utilisée dans la fabrication du traditionnel tapa, une étoffe végétale peinte avec des encres issues de matières naturelles, généralement de grande taille (plusieurs mètres) et dont les usages sont variés (habits traditionnels, cérémonies coutumières).

Statut sur la Liste rouge mondiale : préoccupation mineure.

Noms locaux : tutu, lafi

*Cheilinus undulatus* © Matthieu Junker
Cheilinus undulatus © Matthieu Junker

Le Napoléon

648 espèces de poissons récifaux et lagonaires sont inventoriés dans les eaux de Wallis, dont le Napoléon (Cheilinus undulatus). C'est l’un des plus grands poissons osseux des récifs coralliens, il peut atteindre plus de 2 m de long. L’espèce présente un hermaphrodisme successif appelée « protogynie » : les individus sont d’abord des femelles puis deviennent des mâles au cours de leur vie (autour de 15 ans selon les estimations). Le mâle est reconnaissable à sa bosse sur le front. Le Napoléon est le seul poisson marin figurant sur la liste des espèces protégées de Wallis-et-Futuna.

Statut sur la Liste rouge mondiale : en danger.

Histoire naturelle & temps forts

-22 millions d'années

Émergence de Futuna et Alofi

-2 millions d'années

Émergence de Wallis et ses îlots

1300 - 900 avant JC

Traces des premiers habitants de l'archipel, la civilisation Lapita

1616

Première arrivée des Européens dans l'archipel

1961

Wallis-et-Futuna devient un territoire d'outre-mer français par référundum

1997

Création du Service de l'Environnement de Wallis-et-Futuna

2007

Adoption du Code territorial de l'Environnement

2016

Élaboration de la Stratégie pour la biodiversité de Wallis-et-Futuna

2020

Publication de la liste des espèces protégées de Wallis-et-Futuna

La forêt humide

Si la forêt dense occupait autrefois la quasi-totalité des îles, elle a aujourd’hui quasiment disparu de Wallis, hormis dans quelques zones peu accessibles. Elle est mieux conservée sur Futuna en raison du relief accidenté, bien que grignotée peu à peu par le défrichement pour les cultures. Sur Alofi, elle est encore relativement bien préservée, mais fait malgré tout l’objet d’exploitation par les agriculteurs de Futuna.

Forêt dense humide sur Alofi © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Forêt dense humide sur Alofi © J-Y. H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

La lande à toafa

Le mot Toafa, « désert » en wallisien, reflète la pauvreté floristique de cette lande due aux feux répétés, où se trouve principalement des fougères (Dicranopteris linearis).
Pour restaurer ces habitats dégradés, des plantations de Pin des Caraïbes (Pinus caribaea), une espèce exotique, ont été mises en place dans les années 1970. Une recolonisation du sous-bois par les espèces indigènes est observée dans les pinèdes non entretenues. Les pins des Caraïbes apparaissent cependant moins résistants aux cyclones que les espèces indigènes.

Lande à *Toafa* © Jean-Yves H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française
Lande à Toafa © Jean-Yves H. Meyer, Délégation à la Recherche de la Polynésie française

La mangrove

La mangrove est présente uniquement sur Wallis, essentiellement dans les petites anses vaseuses de la côte ouest où elle recouvre 36 hectares. Il s’agit d’une formation assez dense de 3-4m de hauteur environ, autour de deux espèces de palétuviers (togo), Bruguiera gymnorrhiza et Rhizophora samoensis. Malgré la petite superficie des mangroves de Wallis, leurs bénéfices ne sont pas à négliger : limitation de l’érosion du littoral, atténuation des effets des cyclones (fréquents dans de l'archipel), stockage de carbone, filtre pour les eaux de ruissellement et habitat pour de nombreux organismes, dont les crabes de palétuviers, consommés par les habitants.

Mangrove à Faioa © Enelio Liufau
Mangrove à Faioa © Enelio Liufau

Les récifs coralliens

Le lagon de Wallis présente plusieurs formations récifales différentes et riches, tandis qu'Alofi ne possède qu’un lagon très restreint et que Futuna ne présente que des récifs frangeants. On trouve dans les eaux de Wallis-et-Futuna 135 espèces de coraux et plus de 700 espèces de poissons.

Récifs coralliens de Wallis © Sandrine JOB
Récifs coralliens de Wallis © Sandrine JOB

Les herbiers sous-marins

Étendus à l’intérieur du lagon de Wallis, les herbiers sous-marins sont très importants dans l’équilibre de l’écosystème récifal et abritent de nombreuses espèces de mollusques, crustacés et juvéniles de poissons. On y trouve 3 espèces de phanérogames marines : Halodule pinifolia, Halophila ovalis et Syringodium isoetifolium.

Plongeur étudiant les herbiers sous-marins © Sandrine Job
Plongeur étudiant les herbiers sous-marins © Sandrine Job
îlot Nukula'ela'e vu depuis Nukufotu © Tristan Berr
îlot Nukula'ela'e vu depuis Nukufotu © Tristan Berr
À Wallis-et-Futuna
43 %
du territoire est occupé par des forêts
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Des pressions sur le lagon et les forêts

A Wallis, les milieux naturels ont été grandement modifiés par les activités humaines, en particulier les forêts qui sont très dégradées, remplacées par le toafa. Futuna et Alofi sont plus préservées et la biodiversité terrestre y est plus riche. A l’inverse, la biodiversité marine du vaste lagon de Wallis est plus importante que celles des récifs frangeants de Futuna. Cependant les connaissances sur la biodiversité de Wallis-et-Futuna sont encore largement lacunaires.

La démographie n’est pas une contrainte sur l’archipel car la population est en baisse régulière depuis 2003, de nombreux jeunes wallisiens et futuniens émigrent, notamment vers la Nouvelle-Calédonie. Cependant, le traitement des eaux usées est l’un des enjeux majeurs : une pollution importante du lagon est observée, les eaux domestiques et d’élevage non traitées y sont directement rejetées.

L’extraction de matériaux coralliens pour la construction et les remblais occasionnent également une dégradation du littoral et facilitent l’érosion du trait de côte. La pêche dans le lagon est une importante source de revenus et de nourriture pour les habitants de l’île. Si la pêche à la dynamite, technique destructrice utilisée par le passé, a été largement abandonnée, des pratiques comme la pêche au fusil de nuit ou pendant les périodes de frai contribuent à la fragilisation de la ressource. Des impacts lourds sont à noter en particulier sur les populations de perroquets à bosse (Bolbometopon muricatum). Les connaissances sur les poissons du large et des fonds marins sont encore très lacunaires.

Alofi n’étant peuplée de manière permanente que par une seule personne, elle reste préservée bien que l’extension des défrichements pour les terres cultivables soit une menace à prendre en compte, ainsi que la présence de chiens domestiques.

La menace des espèces exotiques envahissantes

Au moins 416 espèces de plantes ont été introduites dans l'archipel, notamment comme ornementales dans les jardins. Parmi elles, plus de 150 sont considérées naturalisées, c’est-à-dire qu’elles se reproduisent sans intervention humaine, ce qui est beaucoup compte tenu de la petite taille du territoire. Les perturbations anthropiques ou naturelles (feux, déboisement, cyclone, etc.) peuvent faciliter leur installation et leur prolifération au détriment des plantes indigènes.

Les lianes Merramia peltata et Mikania scandens, ainsi que l’arbuste Clidemia hirta, sont particulièrement envahissantes comme dans de nombreuses îles du Pacifique. Au niveau de la faune, rats, fourmis (dont la Petite fourmi de feu Wasmannia auropunctata), escargots et oiseaux introduits sont également problématiques, ainsi que les cochons, chats et chiens féraux qui peuvent avoir des impacts écologiques importants, en particulier sur les îlots de Wallis.

Préserver la biodiversité de Wallis-et-Futuna

L’archipel dispose d’un Code de l’environnement depuis 2007 et d’une Stratégie biodiversité depuis 2016. Le territoire ne compte pas d’aires protégées au sens strict pour le moment, mais des réserves coutumières dites zones Tapu ont autrefois existé, par exemple au lac Lalolalo. Des volontés de créer des zones protégées existent, notamment concernant Alofi.

Le territoire de Wallis-et-Futuna participe au programme PROTEGE, projet de coopération régionale mis en œuvre par la Communauté du Pacifique (CPS) et le Programme régional océanien de l’environnement (PROE) pour une durée de 4 ans (2018-2022). Il vise à promouvoir le développement économique durable et résilient face aux changements climatiques des Pays et territoires d’outre-mer européens du Pacifique (PTOM) et concerne également la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Le programme s’articule autour de quatre volets : agriculture et foresterie, pêche côtière et aquaculture, eau et espèces envahissantes.

Pointe des Colibris © Olivier Delzon - INPN
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